Chroniques Express 91

DAVEN KELLER / JAPANDROIDS / PONY TAYLOR / THE WALKABOUTS / FOOL’S GOLD / SCOTCH & SOFA /THE CROOKED FIDDLE BAND / PADDY MILNER / ST AUGUSTINE / ZULUS / CHOOCHOOSHOESHOOT / MARCONI UNION / NIVE NIELSEN & THE DEER CHILDREN / POLLYN / HALF ASLEEP & DELPHINE DORA

DAVEN KELLER – Réaction B

Mais qu’est-ce que c’est donc que cet album ? Une B.O. d’un vieux film de, Franju, oublié ? Une anthologie de la musique de cinéma noir des années 50 ou 60 ? Un disque d’inédits de, Georges Delerue, ? Tout faux ! Il s’agit en fait d’un récent travail de composition proposé par, Daven Keller, de son vrai nom, Pierre Bondu, qui signa notamment à  l’aube des années 2000 deux albums de chansons avant d’opter pour ce pseudonyme sous lequel il fait paraitre en 2004 Réaction A, là  encore un disque de chanson pop. Mais, Daven Keller, est aussi un compositeur de musiques de films (« La répétition » de C. Corsini en 2001, »Le voyage aux Pyrénées » des frères Larrieu en 2008, »Je suis un no man’s land » de T. Jousse en 2010)., En 2012 il revient cette fois avec une B.O de film »imaginaire a t-on envie de dire tant ces dix pièces pour quatuor à  cordes, percussions, clavecin et piano évoquent très franchement un certains cinéma français d’hier et d’aujourd’hui. Album intrigant, captivant mais qui s’écoute sans aucune difficulté, Réaction B est aussi la bande son d’un spectacle de danse confié au danseur hip-hop, Stéphane Ragobert, à  qui, Daven Keller, a confié le soin de s’approprier sa musique. (4.0) Benoît Richard
Idol – Juin 2012

JAPANDROIDS – Celebration rock

Pas plus japonais qu’android, Japandroids réussit à  deux ce que d’autres essayent à  4 voire à  5 : faire un bon disque de rock toutes guitares dehors. Le bien nommé Celebration rock donne furieusement des envies de crier, de chahuter, de pogoter. Tout y est mur de guitares, chant énergique, rythmique appuyée pour un disque dégoulinant de larsens et de mélodies fédératrices. Japandroids a des allures de college band et propose au final un album hautement rafraichissant. Les Canadiens pourraient bien être le chaînon manquant entre les Smashing Pumpkins et les Foo Fighters avec au passage une reprise bien sentie de Gun Club pour faire bonne figure (For the love of Ivy). En plus, les morceaux se révèlent moins bêta que prévu et le duo se permet même de faire des titres riches harmoniquement et sur un format de 4’30 arrivent à  ne pas tourner en rond (Continuous Thunder comme meilleur exemple). Une belle célébration du rock dans ce qu’il a d’immédiat, de puissant et même de touchant. (3.5) Denis Zorgniotti
Polyvinyl Record / La Baleine – juin 2012

PONY TAYLOR – How To Fold Paper In Half Twelve Times

J’ai un peu l’impression d’avoir écrit une chronique similaire cent fois peut-être car la musique de Pony Taylor ressemble à  cent autres groupes déjà  écoutés et d’ailleurs appréciés. Avec les Avignonnais, c’est un cocktail communément savouré = pop sixties assaisonné à  la mode vintage (avec ampli à  lampe, mellotron et orgue hammond), épicée d’une pincée de psychédélisme qui fait prendre de la hauteur à  la musique. Le tout est parfois shacké vigoureusement pour donner la touche power rock ou adouci d’ une larme de sitar pour garantir une cool attitude. Finalement, rien de nouveau chez ces Français plus royalistes que l’Anglais pour faire de la brit-pop. Pourtant, il convient de ne pas bouder son plaisir et d’étancher sa soif de bonne pop en compagnie de Pony Taylor. Arrangement aux petits oignons, mélodies au dessus de la moyenne, How To Fold Paper In Half Twelve Times est un bon petit album qui plaira aux amateurs de pop anglaise des Beatles à  Supergrass en passant par Paul Weller. (3.0) Denis Zorgniotti
Super Homard – Mai 2012

THE WALKABOUTS – Travels in the dustland

Ils sont bien les walkabouts. Des années qu’ils arpentent le petit monde de l’indé avec leurs pop songs classiques et leur duo vocal précis comme du papier millimétrique. Pour ce nouvel opus ils se baladent entre northern soul, Teenage Fanclub, et une pointe d’americana. Rien a dire du côté de le forme, maîtrisée et affirmée à  force d expérience. Mais dans un monde de découvertes effrénées où une hype naît a chaque battement de cil, peut-on encore se contenter d’albums juste parfaits formellement, à  l’émotion un peu en berne ? (2.5) Denis Verloes
Glitterhouse records / Differ-ant – Oct , 2011

FOOL’S GOLD – Leave no trace

Mais qu’est-il arrivé à  Fool’s gold entre le premier et le second album? Cette question je me la suis posée à  mille reprises ces derniers mois. Comment ce qui était une démarche spontanée, primesautière et ethnique sur le premier opus est-elle devenue une formule à  ce point balisée sur le second? Entre les deux on a perdu toute forme de spontanéité et le nouvel essai ne fait que prolonger, parfois presque bien mais souvent pompeusement, ce qui faisait le sel introductif. Ni très mauvais ni indispensable le nouvel album est (trop) neutre et mou de la mélodie pour durer entre mes oreilles. (2.5) Denis Verloes
Cinq7 / Wagram , – Oct 2011

SCOTCH & SOFA – Par petits bouts

Scotch & Sofa ouvre son album avec un »petit bout » chanté en duo avec Oxmo Puccino. La voix immédiatement reconnaissable du premier, se marie très bien avec la voix nuageuse de Céline Righi. Pourtant n’est pas Beach House ou Cat’s eyes qui veut, et cette collection de titres vaporeux ont tous les (mauvais) tics de la variété française dont il semblent pourtant vouloir se démarquer. C’est (un peu) suffisant, (trop) cliché, (décidément) monotone et ça se présente d’un seul bloc midtempo qui met (malheureusement) systématiquement en valeur la voix éthérée de son interprète féminine. Je décroche au bout de quelques titres, sans vraiment me pencher sur l’écriture qui ne m’attire pas. Dommage, j’aimais bien le visuel et le gentil mot qui accompagnait le disque. La prochaine fois peut-être., (2.0) Denis Verloes
Autoproduit – 2012

THE CROOKED FIDDLE BAND – Overgrown Tales

La Bizarrerie du mois. Même Brian Eno – qui s’y connaît – avoue ne pas avoir entendu ça avant ! Ce groupe australien, produit par Steve Albini, dynamite l’indie folk acoustique à  coups de structures et de saveurs hardcore et de thèmes tout droit sortis du folklore roumain. Témoins de ce métissage, , les instruments mêmes utilisés par The Crooked Fiddle Band : un nyckelharpa (suédois), un bouzouki (grec), une mandoline (italienne), un charango (péruvien) _ sans oublier les plus habituels violon, contrebrasse, guitare et batterie. Le groupe s’abroge quelques libertés géographiques autant qu’il l’a fait dans ses confrontations de styles musicaux. L’ensemble largement instrumental est parfois un peu indigeste mais on se laisse tout de même porté par ce flot de vitalité et cette force brute et insoumise (ce qui a dû plaire à  Albini). (3.0) Denis Zorgniotti
Autoproduit – Juillet 2012, 

PADDY MILNER – The Curious Case of…

Autant le dire tout de suite, commençant à  écouter cet album, j’avais décidé de laisser de côté. Cet élève de Dave Brubeck, admirateur de Robert Johnson ou de Bo Didley, n’était pas vraiment ma cup of tea, un comble car Paddy Milner est bel et bien anglais. Et puis, un peu par hasard, j’ai vu que le bonhomme reprenait Nick Drake (the things behind the sun, plutôt bien d’ailleurs) et cela m’a incité à  me plonger vraiment dans le disque. A quoi ça tient…Milner a pour lui d’être un pianiste hors-pair et d’improviser avec une facilité déconcertante. Un peu à  la manière des bluesmen distillant joie et vivacité dans des rades pourris de la Nouvelle-Orléans, il a le rythme. Milner a pour lui une malice communicative, celle qui lui fait reprendre un titre de Rihanna (disturbia métamorphosé en grand titre, enlevé et pourtant insaisissable), celle qui lui fait mettre un glockenspiel carillonnant derrière un brass band. Et puis, peaufinant ses choeurs, l’Anglais amène une touche de pop aussi revigorante que mélodique : all the while clot l’album dans un vrai sentiment de légèreté et sur de belles harmonies. Il n’y a pas de mal à  se faire du bien, même quand on n’est pas naturellement fan de blues-jazz. (3.5) Denis Zorgniotti
Paddy Milner Music / Rue Stendhal – Juin 2012, 

ST AUGUSTINE – Soldiers

l’Auvergne et surtout Clermont-Ferrand n’en finissent pas de nous faire découvrir de nouveaux talents à  l’image de ce St. Augustine, projet de François-Régis Croisier (co-fondateur du label Kütu Folk Records) dans lequel ce garçon semble s’épanouir et progresser comme on peut s’en rendre compte à  l’occasion de la sortie son second album Soldiers., Digne descendant de Bill Callahan, voire de Grandaddy, St. Augustine signe là  une collection de titres assez impressionnants de maîtrise et de cohérence. Naviguant entre folk, country et rock, le garçon signe une dizaine de chansons habitées, laissant clairement s’exprimer guitare, batterie et claviers vintage dans une production brute mais jamais véritablement lo-fi, qui sonne juste., Un disque plein de retenue, de spontanéité, d’authenticité et surtout d’émotion qui aurait pu sans problème porter la mention »Made in USA » mais que se contentera finalement de celle (en fin de compte, tout aussi flatteuse) de »Made In Auvergne ». (3,5) , Benoît Richard
Kütu Folk Records/Differ-ant – mai 2012

ZULUS – s/t

Un groupe de Brooklyn qui s’appelle Zulus peut sembler pour le moins incongru mais il y a dans ce, quatuor un primitivisme revendiqué qui fait que ce nom leur va finalement, très bien. Anciennement membres de deux groupes post-hardcore de la Côte Ouest (Battleships et Prsms), Daniel Martens et, Aleksander Prechtl,, les deux têtes pensantes de Zulus, font tonner en permanence une batterie sans cymbales qui semble annoncer le début de la guerre. Eructant à  la manière de John Lydon (PIL) ou d’un David Yow (Jesus Lizard), Martens, amène le groupe dans une folie dyonisiaque qui se revèle finalement hautement pornographique. Le jeu de mot est facile mais plus encore que le post-hardcore noise de Chicago, Zulus renvoie bel et bien à  Cure période Pornography avec une reverb constante, des accents new wave derrière le tonnerre et bien entendu une rythmique omniprésente et claustrophobique : à  bien des égards, ce premier albumest la version radicalisée de The Hanging garden, de Cold ou de One Hundred Year. Zulus reste sur cette tonalité constante, quitte parfois à  faire littéralement du surplace (Tremolo) mais dieu que ça envoie. (3.5) Denis Zorgniotti
Aagoo records – Juillet 2012

CHOOCHOOSHOESHOOT – Playland

Il y a peu, nous vous parlions de Fordamage., A bien des égards Choochooshoeshot en est le frère jumeaux : même ville d’origine (Nantes), même label, même producteur (Miguel Constantino), même formation (une fille pour 3 gars et deux guitares énervées) et surtout même influence chicagoanne (Shellac et Jesus Lizard) pour un punk noise pour le moins heurté. Avec son nom à  coucher dehors, Choochooshoeshot est sans doute plus radical dans un Playland qui, ne fait rien pour paraître aimable. De vraies décharges d’adrénaline électriques et sauvages. Peu de mélodies au final mais une tension destructurée, de chaque instant qui rumine son chaos, vous secoue, et parfois vous brutalise. Le meilleur titre de l’album, Daz Bees, ménage un round d’observation avant de vous plonger dans la cage, aux lions et c’est, finalement dans cette torsion, de l’atmosphère et du rythme que le groupe trouve son excellence. Si vous avez aimé Fordamage, il serait fort dommage de ne pas essayer Choochooshoeshot. (3.0) Denis Zorgniotti
Kythibong / Rejuvenation Records /A tant rêver du Roi – Juin 2012

MARCONI UNION – Different Colours

Nostalgiques de Labradford, réjouissez-vous car Marconi Union est là , et toujours là , avec un post-rock beau et tranquille… pour le plus grand plaisir de tous les fans du genre.
Sixième album du duo anglais composé de Richard Talbot et Jamie Crossley (accompagnés ici de Duncan Meadows), mais second album pour le label Just Music, »Different Colours » ne dépareillera pas du reste de la discographie du groupe avec, comme toujours cette alliance de tempos tranquilles, de guitares lumineuses et de sonorités électroniques. Ainsi la musique de Marconi Union avance, sans heurt, sans difficulté, déroule paisiblement ses boucles évanescentes pour s’imposer comme un disque de soir déjà  indispensable en cet été 2012. (4.5) , Benoît Richard
Just Music – juillet 2012

NIVE NIELSEN & THE DEER CHILDREN – Nive Sings!

De prime abord ce disque ne paye pas trop de mine. Sa forme est assez classique : une folk musique simple et sans lyrisme. Et puis au fil des écoutes, on se prend d’affection pour l’univers de Nive Nielsen, cette chanteuse originaire du Groenland, avec cette voix douce mais bien nuancée, avec ces sonorités de ukulélé, cette orchestration riche et variée (banjo, scie musicale, tuba, trompette…) pour une production signée John Parish.
Sans être forcément très marquante, cette suite de ballades tranquilles et très plaisantes aura au moins l’avantage de nous faire passer un bien agréable moment. (3.5) , Benoît Richard
Glitterhouse/Differ-Ant – juillet 2012

POLLYN – Living In Patterns

Découverte de ces dernières semaines, le groupe Pollyn ravit un album passe-partout mais extrêmement agréable.Avec sa pop légère et rythmée ce trio de Los Angeles s’en titre plutôt pas mal, réussissant une dizaine de titres entrainants, avec des accents caribéens par moment, avec des tonalités electroet à  d’autres, et dont certains se révèlent carrément addictifs après quelques écoutes, grâce notamment à  des refrains bougrement efficaces.
Sans forcément faire preuve d’une grande originalité, le groupe s’en tire pourtant à  très bon compte et nous offre en tout cas avec »Living In Patterns » un très bon cocktail estival à  déguster sans modération. (3.5) , Benoît Richard
Music! Music Group – juillet 2012

HALF ASLEEP & DELPHINE DORA – You’re not mad, you’re just lonely

En ce début d’année 2012, sortait un étrange disque né d’une collaboration entre Delphine Dora et le groupe belge Half Asleep, le tout pour le label We Are Unique Records. Une rencontre artistique entre deux univers bien marqués, entre deux styles musicaux originaux et très libres qui laissent beaucoup de place à  l’improvisation, aux sonorités et aux bruits ambiants.
Résultent de cette rencontre 13 titres étranges, que l’on croirait enregistrés dans un manoir avec comme seuls spectateurs des fantômes (ceux, peut-être, de la dramaturge Sarah Kane ou de l’autobiographe Janet Frame) venus en curieux écouter cette musique faites de piano, de voix, de cris, des craquements, de sonortiés d’instruments divers et harmonieusement assemblés.
Ecrit, improvisé et enregistré en 5 jours »You’re not mad, you’re just lonely » est un disque brut et mélancolique, doux et rugueux, saisissant et troublant. Une vraie curiosité pour auditeurs curieux.. (4.0) , Benoît Richard
We Are Unique Records – janvier 2012