Principles of Geometry nous promet l’Apocalypse ! Avec leurs synthés à la Carpenter et leur intérêt accru pour le Hip Hop, l’électronica du duo peut provoquer quelques jolies secousses.
A l’instar de Zombie Zombie, Les Lillois Guillaume Grosso et Jeremy Duval sont fans de BO de films et, Burn the Land and Boil the Ocean ne déroge pas à la règle. Le duo le dit lui même, il aime le chromatisme de John Carpenter, ces nappes bleutées qui se dérobent sous vos pieds (Bethanie) et ses accords plaqués, froid comme la mort, qui rythme jusqu’au suspense (Ize). On s’imagine sillonner une route en territoire ennemi (Ism ou, Mongrel, comme un Carpenter vs Aphex Twin). Comme chez Sébastien Tellier, invité sur un titre de Lazare, le précédent opus, POG aime les sonorités 80’s (Dam Aicoab, ou Enoma a un petit côté BO de Drive) et plait à prendre cette origine pour ensuite dérouler et dresser son étonnante architecture pas si éloigné en fait de Boards of Canada.
Car finalement, et plus que jamais, Principles of Geometry est un groupe plus complexe que la simple utilisation répétitive de vieux synthés analogiques, choisis pour leur seule beauté sonore. Il y a ici des structures étudiées qui vous mettent en sommeil pour mieux vous réveiller brutalement ou qui ouvre l’auditeur sur un champ inconnu (le pont évanescent de Carbon cowboy).Les influences vont au delà d’un simple synthétisme blanc 80’s. Burn the The Land and Boil The Oceans affirme quelques révérences au hip hop, celui des origines ou plus actuel, rythmiques ; celui plus impressionniste d’Anticon. Sur Deerhunt, Subtitle s’empare du morceau et lui donne une poigne digne d’Eminem. Sur Carbon Cowboy, Tonetta666 a la voix distordue et effrayante d’un Aphex Twin et le morceau dans sa complexité thématique vous fait passer par toutes les phases y compris celle de la mélancolie (sentiment présent d’ailleurs sur tout l’album). Sans l’aide de personne, le duo utilise parfois le vocoder pour donner une voix électronique – et ainsi une ligne mélodique – à ces soit-disantes musiques d’ambiance.
POG n’est pas contre d’ailleurs augmenter le tempo et faire de l’IDM, affleurant même le temps de Moloch le territoire d’un Daft Punk. Dam Aicoab vous fait conduit dans une boite californienne des années 80, lumière noire, costume blanc. Americhael ressemble à un Thriller remixé à la sauce French Touch. Cet album est celui de l’ouverture.
Pas de quoi provoquer un Apocalypse mais un bon disque de musique électronique, on prend toujours !
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 30 avril 2012
Label : Tigershi
PLus+
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