ANDREA VAN CLEEF / OREN AMBARCHI / AMBER SPYGLASS / LITTLE BOY / STINKING LIZAVETA / CAMERA / LORN / FILIAMOTSA SOUFFLANT RHODES / SWEET SIXTEEN / VAN SHE / JAROMIL SABOR / SEABUCKTHORN / ALEXANDRE NAVARRO
En dépit d’un nom à consonance batave, Andrea Van Cleef est italien de naissance et américain de coeur. Là , on ne s’attendrait à ne tomber que sur un songwriter de plus dans une mouvance Mark Lanegan ou Eddie Vedder, on découvre un artiste attachant arrivant à trouver un ton plus personnel. Muni d’une voix, que l’on suivrait les yeux fermés, Van Cleef s’installe posément et impose son espace (entre ouest mythifié et décor pastoral) et son temps (des ballades mid-tempo pleines de sérénité). L’homme est finalement plus fin que rustique, rappelant les ornementations subtiles d’un Nick Drake. Rien que ça ! En vinyle pour les anciens, en digital pour les modernes, très bien pour tout le monde. (4.0) Denis Zorgniotti
Great Machine Pistola – Septembre 2012
OREN AMBARCHI – Sagittarian Domain
Figure de la musique expérimentale, collaborateur de Jim O’Rourke, Fennesz, Keiji Haino, ou John Zorn, Oren Ambarchi n’en finit de sortir des disques. Après Audience of One , en début d’année, le revoici déjà avec Sagittarian Domain. Le guitariste australien, également bassiste avec un Moog et batteur, se lance dans un projet associé à un trio à cordes. Etonnant disque à plus d’un titre que l’on imaginerait enregistrer en prise live tant toutes les pistes musicales semblent imbriqués comme une clôture de fils barbelés tissés serrés alors que les pistes interprétés par Ambarchi et celles du trio ont été enregistrées à 6 mois d’intervalles. Sagittarian Domain ne serait pas si expérimental que ça s’il n’était pas fait d’une seule plage de 33′. Dès lors, avec sa batterie motormusik, son côté drone assumé et ses cordes rustaudes, on trouve quand même le temps long : l’ambiance claustrophobe et répétitive devient quand même un peu chiante. Le morceau évolue lentement (on le ressent surtout passé 22′ !) et finit par s’éteindre avec les seules cordes dans un moment fort de musique contemporaine. Le genre de disque que l’on n’écoute qu’une fois ou presque ; qui se vit comme une expérience ou une épreuve (2.5) Denis Zorgniotti
eMego – Août 2012
AMBER SPYGLASS – Breathing in Essence (EP)
Plutôt que de sortir un album, le duo Amber Spyglass a choisi de sortir 4 Ep’s en quelques mois. Voici la première livraison ; un 5 titres que l’on imaginerait sorti chez le 4AD de la grande époque (comprendre période Cocteau Twins / Dead Can Dance). Vision arty, mélancolie dark wave, ouverture sur des ambiances world ou irlandaises et bien sûr, jolie voix féminine, Breatling in essence est un joli écrin dans lequel il fait bon de se réfugier. Amber Spyglass évite la caricature d’une musique trop affectée, trop ampoulée et témoigne d’une richesse d’arrangements et d’une intensité empreinte de sensibilité. Cela pourrait sentir le toc, le décoratif, l’émotion de pacotille ; eh bien, non la musique proposée est bel et bien charnelle, incarnée comme dans un spleen façon Siouxsie and the Banshees., Le plus immédiat Violent Silence et ses airs de Kate Bush années 70 (le piano y st pour beaucoup) tient bien la route aussi. Avec tout ça, on les jurerait Anglais ou Irlandais mais non, Amber spyglass est bel et bien bostonien. Une bonne découverte et la certitude d’avoir 3 Eps à venir ! (3.5) Denis Zorgniotti
Decorative records – Septembre 2012
Disons-le d’emblée, Little Boy ravira sans problème l’amateur de rock tendance britannique par sa maîtrise de toutes les figures du genre. En plus, Quentin Roux chanteur de ce quatuor normand a le timbre, l’accent et la présence idoines à l’exercice. En plus, Little Boy est évidemment carré et direct mais fait aussi preuve d’une certaine finesse : on n’est pas là en présence de bourrins mais bel et bien d’un groupe à l’aise pour débiter de bonnes rock songs sans noyer le poisson sous un mur de larsens. Après, il ne faut pas leur demander plus, la musique des Français a l’impression d’avoir été composée et écoutée 1000 fois. Peut-être ce sentiment naît car le groupe n’a pas encore trouvé le morceau qui TUE, même quand il essaye de faire resurgir le spectre de U2 (Come along tout droit sorti de Joshua Tree). Encore un peu Little. (3.0) Denis Zorgniotti
LP Prod / Believe – Juin 2012
STINKING LIZAVETA – 7th Direction
Cela va devenir une habitude mais tous les deux ans, un de mes pires cauchemars musicaux revient avec un nouvel album. Et chaque fois, sans doute mu par un certain masochisme voire , une certaine naîveté (le groupe a été sur l’excellent label Monotreme, là il revient chez Exile on Mainstream records), j’y replonge les deux oreilles pour finalement m’apercevoir que Stinking Lizaveta, c’est vraiment pas mon truc (en étant poli). Non pas que ce groupe de Philadelphie soit formaté ou tiédasse (vraiment pas !) mais au contraire il se vautre dans sa fange d’un free hard rock / stoner instrumental , plein de solis de guitare interminables, de folie Zappa-esque, de thèmes gras du bide., Stinking Lizaveta est groupe à repousser les (mes ?) limites. C’en est tellement boursouflé et prétentieux que le groupe a des vertus vomitives. Par un effort considérable, je vais quand même au bout du disque, espérant une rédemption finale ; eh bien non, à de rares exceptions, les Américains restent indécrottablement insupportables. Même la pochette du disque est d’une rare laideur. Vraiment Stinking en fait ! (0.5) Denis Zorgniotti
Exile on Mainstream Records / Differ-ant – Septembre 2012
CAMERA – Radiate !
Depuis quelques années le krautrock a repris pas mal de couleurs. Le genre popularisé dans les années 70 par quelques groupes allemands (Neu, Can, Harmonia, Cluster« ) est redevenu à la mode depuis une dizaine d’années avec, par exemple, des formations telles que, Fujiya & Miyagi, Here we go magic, Geoff Barrow, avec son projet, Beak>, ou encore en France, sous l’impulsion de personnes comme, Etienne Jaumet ou Romain Turzi. Loin d’être une suite banale de titres krautrock avançant au rythme d’un jeu de batterie métronomique, »Radiate ! » est une belle surprise, avec un groupe proposant un album plutôt sombre, en rien novateur mais très attrayant, alternant plages atmosphériques et grandes chevauchées prog-rock. Un album bien dans l’esprit de ce que l’on peut attendre d’une production krautrock actuelle : solide, contrastée, généreuse, captivante, ne lésinant jamais sur les riffs de guitare électrique et sur les roulement de batterie. (4.0) Benoît Richard
Bureau B / La Baleine – Août 2012,
LORN – Ask The Dust
J.’avoue, étonnement, être passé à côté du premier album de ce jeune producteur dubstep hip hop américain nommé, Lorn. Pourtant, déjà sur Nothing else, le garçon avait tout pour séduire. Sur ce nouvel opus, heureusement dans la continuité du précédent, il enfonce le clou, nous assenant 12 titres assez énormes, des véritables coups de masse d’une puissance redoutable.
La lourdeur des tempos, l’épaisseur des beats, les riffs de synthés tranchants et saturés, les voix venues d’outre-tombe, la noirceur, le côté »musique de fin du monde » (carrément oppressant par moment) donne à ce disque toute sa particularité et forcément un goût tout particulier. Au départ presque effrayant, Ask the Dust finit par devenir terriblement envoutant et en fin de compte totalement indispensable. (4.0) Benoît Richard
Ninja Tune – Juillet 2012,
FILIAMOTSA SOUFFLANT RHODES – s/t
Au pays de, l’inclassable Pascal Comelade, les Nancéens de Filimotsa Soufflant Rhodes joue les têtes chercheuses. Chercheuse d’un style transversal entre jazz, noise et post-rock, chercheuse d’une association originale (d’abord dans une formule ramassée,, violon/batterie, le duo s’est étoffé d’un, saxo, d’un trombone et d’un clavier), chercheuse aussi d’une manière de jouer et de sonner différente de l’habitude (ce fameux violon aux accents parfois hardcore remplace avantageusement une guitare électrique). Le résultat : six instrumentaux progressifs (le groupe aime citer King Crimson dans ses influences), certains obtus, (le bref So Noise), et d’autres, se jouant, des, poussées free, , reconstituant de belles harmonies : Joué Club, entre Rien et Michael Nyman, et Montroyal, ourlé de Rhodes caressant, séduiront plus que les téméraires. Liège nous propose le chaos et la dissonance avant d’élever les âmes d’une voix (filtrée) engageante. Laissez-vous tenter ! (4.0) Denis Zorgniotti
Van D’Oeuvre – Février 2012
Sorti au cours de cet été 2012, le premier album de Sweet Sixteen vaut le détour à plus d’un titre. D.’abord parce qu’il montre dès les premiers morceaux une maitrise et une aisance de la part groupe dans la composition ainsi que dans la production. Ensuite parce que ce groupe mené par Raphaël Froment a suffisamment d’atouts (voix, mélodies, choeurs ») et de richesse de style pour passer largement le stade de l’écoute unique.
Influencé par la pop anglaise des années 60 à nos jours, le groupe rappellera, par ce mélange de fraicheur et de habileté, les premiers albums d’Orwell« autre groupe doué pour les mélodies pop franches et les belles harmonies vocales. Souhaitons donc aux Manceaux la même réussite qu’aux lorrains avec cet album aussi prometteur qu’accompli. (3.5) Benoît Richard
Teenage Years – Juillet 2012
La machine à danser vient encore d’accoucher d’un album qui risque de faire des ravages sur les dance-floors de la planète au cours des semaines à venir. Paru sur le fameux label australien Modular (Kindness, Tom Vek ou Tame Impala« ), Idea Of Happiness est un album d’électro pop assez banal dans la forme, assez proche de groupes comme Metronomy, Cut Copy ou Phoenix mais qui a l’avantage de contenir un nombre assez impressionnant de singles potentiels, dont certains sont déjà paru sur le Ep paru au printemps 2012.
Et si le groupe a mis 4 ans pour produire ce second album, souhaitons leur que le succès soit au rendez-vous dans un genre où la plupart des groupes redoublent d’efficacité pour produire de petites bombes dance-floor comme on en trouve quelques-unes sur Idea Of Happiness. (3.5) Benoît Richard
Modular / La Baleine – Août 2012
JAROMIL SABOR – Marmelade Sculpture
Le nom sonne comme celui d’un artiste hongrois. Ou comme un jeu de mot d’inspiration Tintin-esque un peu foireux. Pourtant, ce projet annexe, de l’ancien guitariste d’Artyfact et actuel chanteur Arthur Pym & The Gordons est à prendre avec sérieux. Avec modestie certes mais avec sérieux. Le Bordelais est un peu le copain que l’on rêverait d’avoir pour l’amener avec, soi pour un pique-nique sur la plage à la nuit tombée. Le genre de bon pote qui empoigne sa guitare et qui, en un tour de main, vous sort une petite mélodie qui vous trotte dans la tête. Le genre de mec cool, tellement cool qu’il trimballe avec lui de bons copains venus faire les choeurs ou jouer ça et là , d’un petit orgue, d’une guitare fuzz ou d’un tambourin. A croire qu’il y a quelque chose qui plane dans l’air de Bordeaux – la proximité de l’Océan peut-être ? – pour que, sans cesse, cette ville accouche de tel projet conçu dans un esprit sixties et lofi, naturel et amical. Il y avait le binôme Pull/Calc ou Crane Angels dans une version plus étoffée, il y a désormais Jaromil Sabor. Cool, non ?, (3.5) Denis Zorgniotti
Autoproduit / Close up Records – Septembre 2012
SEABUCKTHORN – The Silence Woke Me
Un album de guitare acoustique, un autre pourrait-on dire, mais, Andy Cartwright alias Seabuckthorn n’est pas homme à faire dans la folk roots, chemise à carreaux, gros accent ricain. Le travail de l’Anglais, est plutôt à aller chercher du côté de celui de l’Ocelle Mare, Thomas Mery (sans la voix), ou de Thee Stranded Horse (sans la cora). Album de vibrations et de résonances, The Silence Woke Me suit le fil d’une guitare 12 cordes en ébullition qui brouille les frontières (sommes-nous au fin fond des USA, en Espagne ou au Pakistan ?, un peu partout en fait), et semble se dédoubler, dans un jeu, psychédélique, empreint de mysticisme. Cette musique vous emporte, vous envoûte…L’usage subtil des drones et de percussions, ajoutent de la tessiture, de la matière, à ces lignes qui »circonvolutionnent » au gré de l’inspiration de son créateur. Seabuckthorn met beaucoup de lui dans ses instrumentaux à fleur de peau ;, il semble nous livrer une partie de son âme entre tourment et sérénité. Un vrai voyage au bout de la nuit. (4.0) Denis Zorgniotti
Bookmaker records – Septembre 2012
ALEXANDRE NAVARRO – Sketches
A peine sorti de Elements le précédent album d’Alexandre Navarro paru en avril sur son label SEM, nous revoilà plongé dans une nouvelle collection de titres electronica ambient signés du guitariste producteur parisien, mais cette fois pour Constellation Tatsu, un label basé en Californie.
Comme sur Elements, Alexandre Navarro laisse une place très importante aux boucles, aux samples, aux fields recordings au détriment des motifs de guitare plus en retrait, dans un ensemble sonore extrêmement varié. Avec Sketches, la musique d’Alexandre Navarro s’ouvre un peu plus encore, présentant des ambiances très variées, alternant tonalités chaudes et froides, titres courts et titres plus longs. un album qui confirme l’évolution du style du parisien qui excelle dans un registre où, bizarrement, peu de musiciens français semblent vouloir s’essayer. (4.0) Benoît Richard
Constellation Tatsu – juillet 2012