Dr Dee est le nouveau projet de Damon Albarn. A mille lieues de Gorillaz, Blur ou même the good the bad and the queen.
Dr Dee était un dignitaire de la couronne britannique à l’époque Elizabethaine. La musique qu’Albarn compose est dédiée à cette époque anglaise. Albarn l’aborde par l’angle quasi » magique « . On se croirait dans Vendetta de Alan Moore qui s’est d’ailleurs aussi intéressé au personnage avant de passer à autre chose.
Maintenant l’oeuvre destinée à être scénarisée, scénographiée et jouée sur scène (un première date a eu lieu à Manchester avec un grand orchestre) a-t-elle une quelconque légitimité sur disque. C.’est difficile à trancher vraiment, on en convient tant les titres semblent être une partie d’un plus grand tout qu’on aura sans doute jamais la chance de voir.
Si on est réfractaire à l’opéra, et plus encore aux musiques baroques ça devient quasiment impossible, tant Albarn y cède la parole aux instruments classiques et aux choeurs habituels de l’opéra au milieu desquels il place sa voix (orgues d’Eglise, choeurs, ténors, harpe…). On dirait parfois du Clannad irlandais, et parfois du mode mineur dont Damon Albarn avait joué à l’occasion de son premier opus solo Mali Music. Un mode mineur, qui rime désormais avec orchestre classique entièrement à disposition pour colorer, enrichir, arranger ou constituer l’ossature des morceaux imaginés par le patron de Blur, bien loin ici de la pop qui l’a fait connaitre.
Si comme moi on est fermé par avance à rien, je me suis fait au bout de quelques titres à l’idée d’écouter un opéra moderne façon l’homme de la Mancha de Brel plutôt qu’un opéra rock comme les Who ou Pink Floyd en ont dicté les tables de la loi (quoique, on peut parfois y penser, à la marge quand les clochettes tintinabulent, que les oiseaux chantent ou que les personnages parlent). D.’ailleurs je me demande si la notoriété du bonhomme ne rend pas l’ensemble plus ambitieux dans son acceptation par le public que dans la façon où Albarn s’y est lancé, en toute intimité et avec humilité malgré l’ampleur et l’emphase de l’orchestre.
Dans un mode qui inspire à la rêverie plus qu’à l’épilepsie Albarn fait une fois de plus montre (sinon étalage) de son talent en matière de touche à tout de la musique maline à l’Anglaise. Parce que l’ensemble est indéniablement réussi. Vraiment réussi. Il agace le bougre. Et pourtant pas une fois on ne touche ni au rock ni à la britpop au fil de l’album vendu par EMI via le single » The Marvelous Dream » sans doute le morceau de l’album qui s’approche le plus des ballades auxquelles Albarn nous a parfois habitué. Une vraie réussite, pour un album transgenre.
Denis Verloes
Tracklist
Date de sortie:
Label: Parlophone / Emi