En entamant les recherches pour écrire cette critique, je me suis réécouté la discographie de Bloc Party. Puis j’ai relu mes critiques. Je me suis trouvé étonnamment permissif avec le groupe, voire trop ostentatoire. Ah la jeuness ;-) .
Parce qu’en vérité, depuis le génial premier album silent alarm, sorte de condensé de rock et de pop bourré de mélodies accrocheuses sans pour étant être trop immédiates ; on sent que le groupe hésite entre casser l’image qui lui a assuré la renommée et chercher à renouer plus largement avec les ficelles qui lui ont permis de la gagner. Du coup ni a weekend in the city ni Intimacy ne sont de vrais bons albums comme on était en droit de l’espérer de Bloc Party.
Au mieux des parutions pour les fans (dont je suis, ce qui explique sans doute la bienveillance de mes critiques passées) au pire des » essais » un peu bancals tirant tour à tour sur la grosse production rock ou sur une électro de club qu’ils maîtrisent mal – prouvant si besoin était que Madchester était un putain de momentum rock au début des années 90, jamais égalé dans le genre, depuis.
A dire vrai, en réécoutant les sorties successives depuis a silent alarm, je trouve que le groupe a largement perdu de sa saveur, de la richesse de son identité. Et quand on m’a expliqué dans la presse musicale, que Kélé Okéréké et le guitariste du groupe se mettaient à des carrières solo »je n’étais franchement pas étonné (et deçu du résultat, soit dit en passant).
Et voici que déboule Four, une quatrième livraison, en forme de gros pavé, bien rock. Un directeur technique de mes connaissances fait d’emblée cette réflexion toute empreinte d’aménité : » †˜tin mais c’est quoi cette façon de se la jouer métal avec des dégaines de popeux de merde « . Amen. C.’est à ce jour la plus sincère critique que j’ai entendue sur le nouvel album. Une prétention un peu flagrante à remuscler le propos, à prouver qu’on est un groupe à guitare, et que flûte, crotte, ce n’est pas toujours à Mark Bellamy de Muse de s’en aller faire les ouvertures des JO à coup de boursuflure musicale.
Une fois jeté ce venin narquois, Four est-il un album naze ? NON. FOUR EST LE SECOND ALBUM QUE J.’AURAIS ESPERE DE BLOC PARTY à l’époque. Le groupe qui a apparemment longtemps hésité à se séparer revient avec un album que j’aime vraiment beaucoup. Il alterne entre les ballades doucereuses et un peu atmosphériques, portées par la voix androgyne d’Okéréké, et du gros rock qui tâche, qui a systématiquement la bonne idée de piocher de très bonnes trouvailles mélodiques ou de petits effets malins dans l’histoire (courte mais en dent de scie) de Bloc Party.
Four est un disque de retour aux affaires réussi. Impeccable pour débuter la journée qu’il aide à démarrer en douceur, puis en se perdant dans la hargne. Je me mouille et assume : j’aime son immédiateté et le son des guitares qui effectivement s’inspire du métal opéra le plus pompier. Bloc Party fait du Bloc Party et semble prolonger l’histoire de sa première initiative discographique sans plus se poser la question de savoir s’il faut surprendre le fan, le retourner, le chambouler »Non juste on a l’impression que ces quatre là et leur moustache (voir le clip) se sont dit » ok pour y aller, mais uniquement si on se prend pas la tête, si on a quelque chose de personnel à raconter en musique « .
Le résultat est aussi simple qu’il est efficace. Bloc Party revient en force dans les groupes qui comptent à mes oreilles.
Denis Verloes
Tracklist
Date de sortie: 20/08/2012
Label: cooperative music / Pias (soutien aux équipes de Coop racheté par Pias)
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La critique d’Intimacy