Clara Luzia débarque en France avec une compilation qui, au vu de sa qualité musicale, s’apparente à un Best Of. Une bien jolie découverte.
En dépit de son nom, la jeune dame est bel et bien autrichienne et déjà fameuse dans son pays. Primée en 2008 d’un Amadeus Austrian Music Awards (l’équivalent de nos Victoires de la Musique), Clara Luzia a sorti quatre albums sur son propre label, Asinella records. Avec The Range, elle passe désormais à l’International, sortant enfin – et pour le bonheur de tous – hors de son pays., C’était déjà le cas sur scène, Clara Luzia ayant déjà participé au Festival des Femmes s’emmêlent (qui ont toujours un sacré flair), mais »discographiquement » c’est une première qui donne envie de se faire vite l’intégrale.
Le premier titre, Morning Light, , donne le ton : un morceau entraînant avec claquements de main et batterie joyeuse mais aux accords amers avec la chanteuse qui répète sur le refrain »this is a sad, sad song ». Comme son nom l’indique, il y a bien là une lumière mais celle-ci a la pâleur de l’aurore, ce moment transition qui éveille souvent un sentiment de mélancolie. Même le timbre de Clara Luzia est porteur de cette ambivalence, une jolie voix claire mais légèrement cassée annonçant les félûres derrière la joliesse, c’est marquant sur Love in Times of war, proche dès lors de Hips and Makers, l’album acoustique de Kristin Hersch. Sur Fine, l’Autrichienne distille même une sorte de saudade pop qui n’est pas pour déplaire.
Il y a presque un mystère lié à Clara Luzia. On peut voir sa musique comme une énième manifestation d’une pop-folk au féminin. Et pourtant, le charme agit et il se renouvelle sans cesse… The Range est un disque »grand public » mais il irradie par sa finesse tranquille, sa justesse d’arrangement avec notamment un soin particulier apporté par piano et le violon. Cela donne un florilège de bons morceaux avec une préférence peut-être à The Gardener of Ground Below, avec sa rythmique envoûtante et son ambiance magnifiquement clair-obscur. On boit du petit-lait, on a les poils qui se hérissent…pas mal pour une chanteuse qui fait une pop consensuelle et fédératrice.
On peut penser à des consoeurs américaines comme Nina Nastasia ou Laura Veirs mais L’Autrichienne a bel et bien une écriture européenne qui l’a fait ressembler parfois à sa compatriote Lonely Drifter Karen, (Tidal, Fine) ; ce qui participe aussi à sa spécificité. On lui souhaite grand succès en France, cela serait mérité et réjouissant quant à la faculté qu’a notre pays à reconnaître un vrai talent.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 15 octobre 2012
Label / Distributeur : Asinella records / Rough Trade / Differ-ant
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Video de Morning Light