SHIJO X / GRATUIT / DATA PLANETS SYSTEM / LINDSTRà˜M / MAD GREGS / BORKO / HOT CHIPS / ALFIE RYNER / A BAND OF BURIERS / ORION RIGEL DOMMISSE / MIDGET !
On n’est là pour s’emmerder et c’est pourtant, un peu ce qui arrive, à l’écoute de If The Night, album bien sous tout rapport voulant créer la bande-son d’une nuit à Bologne. Essayant de combiner le trip hop d’un Portishead ou d’un Hooverphonic et la pop jazzy de Lisa Ekdahl, Shijo X accouche d’un album trop, propret pour devenir vraiment intéressant. Les Italiens, bons élèves sans grande personnalité, proposent tous les clichés du genre et mettent en avant une chanteuse à voix de femme fatale, des touches rétros et les sonorités électroniques censées troubler la vue. Production classique un peu datée, compositions sans personnalité propres, musique agréable sans plus, Shijo X serait apparu comme un groupe de série en 1995. Alors en 2012…Pour inconditionnel du genre.(2.0) Denis Zorgniotti
Bombanella Records – Novembre 2012
Lescop est un peu l’arbre qui cache la forêt d’une pop qui se rêve électronique dans une brume mélancolique. Yann Wagner (en anglais) et Gratuit (en français) le suive ou le précède (on ne connaît pas qui de la poule ou de l’oeuf…) mais le dépasse, surtout en qualité. Dans le cas du second, on retrouve Antoine Bellanger, un des Belone Quartet , un duo qui s’était distingué dans une cold wave d’appartenance Curiste. Le passage au français, accompagné de l’abandon presque total des guitares( présentes sur La Promesse),, change de fait un peu les choses mais pas l’essentiel : dans son phrasé, Gratuit rappellera aussi bien, Daniel Darc, qu’un Robert Smith, juvénile et dans sa musique Etienne Daho (Feu) et encore plus Asylum Party, chantre de l’épiphénomène Touching pop à la fin des années 80. Gros sons de synthés vintage, boite à rythme minimaliste type Kraftwerk, la musique de Gratuit hésite sans cesse entre ligne claire froide, et sonorités bouillonnantes parfois cosmiques. Une musique à la fois, clinique et fortement émotionnelle, à l’expérimentation synthétique mesurée (Gratuit cite Laurie Anderson dans ses influences). En guest, Julia Lanoe de Mansfield.tya, et Françoiz Breut permettent encore plus de faire de, Antoine Bellanger, un romantique pop post-moderne. Allez-y, c’est Gratuit. (3.5) Denis Zorgniotti
Kythibong / Les Pourricords / La Baleine – Octobre 2012
DATA Planets System – The Metaphysics
Vous restez un inconsolable des premiers albums de Radiohead, juste avant le virage électronique de Kid A ? Alors, jetez une oreille sur Data Planets System (anciennement Data), un trio, qui marche avec brio sur les pas du groupe de Thom Yorke. Les Bordelais ne font pas heureusement du »copier-coller » et s’inscrivent dans une filiation pop-rock plus large. Mais on retrouve chez Data, cette finesse mélodique meurtrie, ces compositions à plusieurs étages où claviers, guitares, choeurs s’entremèlent provoquant émotion, et vertige. Data Planets System propose le même genre de constructions ambivalentes maîtrisées, qui faisaient le bonheur de Ok Computer et plus généralement les bons albums de pop moderne., The Metaphysics et ses 7 titres s’écoulent ainsi dans un sentiment de clair-obscur, ce qui n’exclut pas de devenir hautement addictif avec un For Years à l’énergie hypnotique., , (3.5) Denis Zorgniotti
Think More Dummers – Juillet 2012
Sans trop jouer sur les clichés, la Norvège est un pays propice à la musique électronique. Les hivers longs et rudes favorisent le travail de studio et le temps largement passé à peaufiner son projet. Cela incite aussi à rêver d’ailleurs plus ensoleillé y compris dans les ambiances. Tout naturellement, Hans Peter Lindstrà¸m s’occupe totalement des destinées de sa musique (écriture, jeu,, arrangement, production, enregistrement, mixage) et propose avec Smalhans, six instrumentaux oscillant entre IDM, synthé pop et house, de quoi égayer le dancefloor. Le Norvégien, comme beaucoup, rappelle parfois le Daft Punk d’Around The World (Vos-Sako-Rv) mais ne tombe pas dans la caricature d’une house filtrée french touchisante. Avec ses boucles répétitives et ses sonorités vintage plutôt séduisantes (entre new wave, ou disco sur le réussi Rà -à ko-st), Lindstrom remplit le job sans toutefois laisser une trace indélébile dans le genre. Passera donc l’hiver norvégien ; plus tard, c’est moins sûr…(3.0) Denis Zorgniotti
Smalltown Supersound / La Baleine – Novembre 2012
MAD GREGS – Relatives
Sorti dans l’indifférence la plus totale en avril 2012, le second album de Mad Gregs (après l’excellent Big Nun en 2009, déjà sur le petit label Fake Four Inc.) était pourtant une des choses les plus intéressantes à écouter cette année en matière d’indie pop qui n’en veut. Avec un certain sens du raffinement,, ce quatuor californien délivre des chansons extrêmement variées et tout de suite évidentes dans lesquelles les mélodies font mouche, les choeurs vous emportent et les arrangements foisonnants et ciselés vous font dire que ce groupe a, décidément, beaucoup de talent. En écoutant Relatives, on songe à plein de choses (Air, Beatles, Beach Boys, Gastr del Sol, Revolver, Mermonte, Miles Kane« ), mais surtout on ressent un plaisir total, celui d’écouter un album de pop (de chambre ?), à la fois ambitieux et modeste… Le genre de musique dont on ne se lassera jamais.(4.0) Benoît Richard
Fake Four Inc./Module – Avril 2012
BORKO – Born to Be Free
En 2009, Borko signait un fameux album (Celebrating Life). Depuis plus rien jusqu’à ce qu’arrive, en ce début novembre 2012, la bonne nouvelle : le barbu à lunettes et de retour pour un second essai. Tout aussi réussi que son prédécesseur, tout en étant un poil différent et mieux produit, Born to Be Free est de la veine de ces albums chéris et profondément mélancoliques qui parviennent à toucher votre corde sensible dès les premières mesures. A la manière d’un Loney, dear ou d’un Get Well Soon, Borko construit des cathédrales electro-pop solides et tournées vers les étoiles dont on admire avec respect toute la beauté triste. Ses influences (multiples et assez indéfinissables), ses matériaux (qu’ils soient acoustiques ou électroniques) constituent le ciment d’un album qui s’impose en cette fin d’année comme une des plus belles réussites du genre.(4.0) Benoît Richard
Sound Of handshake – Novembre 2012
HOT CHIPS – In our heads
Le nouveau et déjà cinquième album des londoniens de Hot Chips continue dans le rôle de machine à danser que le groupe s’est donné au fil des sorties sans toujours l’assumer. Et effectivement le nouvel album ne déroge pas à cette fonction efficace, tout en tâtant des sons plus synthés et eighties. Pourtant, si au début de l’histoire du groupe, je misais gros sur le sillon tracé par les Anglais, cette nouvelle livraison me laisse un peu plus dubitatif. , Les éléments sont là , l’intelligence électronique aussi et la formule »secoue popotin » ne fait pas défaut. Pourtant, pour une raison que je m’explique mal j’ai l’impression d’entendre un groupe de Warm up envoyer tout le monde sur la piste au gré des variations de tempos, tout en se gardant bien d’envoyer le moindre tube qui puisse faire de l’ombre au DJ qui serait amené à reprendre la salle derrière. Dommage. Il y a peu je croyais que Hot Chips serait à nouveau ce DJ. In our heads peine à assumer cette fonction. (2.0) Denis Verloes
Domino/Pias – juin 2012
L’Ovni du mois. Telle la chimère de la pochette (mi chèvre mi poisson), Alfie Ryner ressemble à une créature hybride nageant en eaux troubles. Le chant sur l’inaugural La Kunda pourrait nous faire passer à côté d’un bon disque, le phrasé et la voix avec accent pouvant évoquer Zebda. Mais Alfie Ryner est à la fois plus jazz et plus rock que cela, entre brass band et giclée séminale. Les Français,, tirés à quatre épingles, comme les braqueurs de Reservoir Dogs, aiment surtout prendre leur auditeur à rebrousse poil et enchainent donc un tango bruitiste (Tango Toxico) avec une lente déambulation toute en respiration entre jazz et post-rock que n’aurait pas renié Tortoise (5+5=9). Avec Hum et redhum, il est temps de sentir la sueur et la moiteur de la nuit : la guitare sombre dans la folie d’un solo hypnotique et la rythmique free, vous emmène aussitôt dans le sous-sol d’un club enfumé. On pourrait citer Soul Coughing, Morphine et tout ceux qui ont jeté une passerelle entre jazz et rock mais on a encore plus l’impression de se retrouver dans un film noir dans un New York années 60 ou dans un livre de Chester Himes. (3.5) Denis Zorgniotti
Les Productions du Vendredi / Musea – Décembre 2012
Il ne fait pas vraiment gai chez A Band of Buriers :, avec sa voix de croque-mort (très mise en avant dans le mixage), James P Honey emmène son groupe dans une folk à la noirceur, lugubre. Passant du chant au rap sur Long Dead ou Stuffing a chest, il rend même sa musique extatique et semble vouloir vous jeter un sort. Derrière les mélodies décharnées – proche d’un Leonard Cohen, il y a pourtant de la vie dans le sous-bois : choeurs féminins diaphanes, violon et violoncelle, qui, ont du vague à l’âme, guitare acoustique et ukulélé cristallins, la beauté est à chercher dans une flaque de boue. Et le mysticisme dans un minimalisme boisé et une musique de chambre bringuebalante et macabre. Finalement, A Band of Buriers, drôles d’anglais dandys des marais, sont à placer, entre Matt Elliott et And Also The Trees version acoustique., Fascinant., (4.0) Denis Zorgniotti
What a Mess records/ Decorative stamp – Octobre 2012
ORION RIGEL DOMMISSE – Chickens
D’abord attiré par le nom de Greg Weeks, leader des essentiels Espers, producteur du disque, je découvre une chanteuse pour le moins séduisante. Dans la famille très encombrée des chanteuses folk, Orion Rigel Dommisse se distingue – non pas par son nom – mais par une personnalité empreinte de magie et de naturel. Drôle de mélange pour une musique aérée et aérienne qui la rapproche de Joanna Newsom, celle, qui arrivait déjà à mêler les deux fragances (la magie de Kate Bush et le naturalisme Kristin Hersh). Différence notoire, à la harpiste Newsom, Orion Rigel Dommisse répond avec un violoncelle électrique. Le mellotron et autre synthé ne viennent pas noyer la pureté musicale car l’ornementation est ici subtile. Une vraie découverte. (4.0) Denis Zorgniotti
What a Mess record – Mai 2012
MIDGET ! – Lumière d’en bas
Après les années, Holden, et le récent disque du collectif, Arlt,, Mocke, revient dans un nouveau projet,, Midget !, cette fois en compagnie de la chanteuse, Claire Vailler., Et c’est sur l’excellent label, We are, Unique records, que parait ce premier album, soit une suite de chansons pop folk jazzy délicates et mélancoliques, remplies de poésie comme il nous a rarement été donné l’occasion d’en entendre durant cette année 2012., Dans les douze titres subtilement arrangés de, Lumière d’en bas,, Claire Vailler, alterne textes en français et textes en anglais portés par une voix douce et rassurante sur laquelle viennent se poser les notes de guitare claires de, Mocke., Voici donc un disque entre ombre et lumière, délicat et gracieux, aux mélodies et aux harmonies vocales absolument magnifiques qui rappellent par moment les plus belles chansons de, Holden, (les mailles,, à ciel ouvert…). Un disque qui constitue en tout cas une entrée en matière plus que réussie pour ce duo très bien assorti.(4.0) Benoît Richard
We are Unique records / La Baleine – Novembre 2012,
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