Un peu comme une mise en gras, un écriteau criard ; comme s’il fallait crier †˜c’est un policier !.’, la couverture de » Stumptown : 1. Disparue » donne tout de suite le ton et la couleur. Une femme apeurée, un oeil au beurre noir, un flingue, une silhouette menaçante, et comme si cela ne suffisait pas, on y a flanqué un sticker †˜Recommandé par 13ème Rue.’. Sous son packaging qui ne s’en veut pas de s’assumer, ce petit polar made in USA tient toutes ses promesses.
» Stumptown : 1. Disparue » ne révolutionnera pas le monde de la BD polar, certes, mais c’est un premier tome satisfaisant qui tient la route, et nous emmène bien là où il l’annonçait. Il amorce une série au fonctionnement simple et efficace pour les fans de bande-dessinée policière et, comme semble en gager 13ème rue eux-mêmes, saura également raviver les adeptes de feuilletons américains à la FBI: Portés Disparus. Bref, une série BD à l’image des bonnes séries policières : un format rapidement consommable et satisfaisant, aux personnages humains qui soulèvent la narration.
On nous présente Dex Derios, privée trentenaire au caractère plutôt trempé avec un mauvais penchant pour le jeu. Elle joue pour se détendre mais a pour fâcheuse habitude de perdre gros. Pour payer sa plus récente dette, elle accepte l’enquête que lui confie la directrice du casino. En échange, elle effacera l’ardoise. Il s’agit de retrouver sa plus jeune petite-fille disparue depuis une semaine (sans sa Mini »mais avec son shampoing). l’affaire lui semble facile, puisqu’elle la retrouve vite »jusqu’à ce que Dex réalise qu’elle a mis les pieds dans le cercle mafieux d’une famille salvadorienne.
Quoique délicieusement stéréotypée – puisque Dex est évidemment une trentenaire casse-cou plutôt indépendante, plutôt pas mal, un peu fière et têtue, qui jure beaucoup et boit de la bière – on se surprend à s’attacher très vite à son personnage, quelque peu mystérieux encore puisque son introduction bien dosée dans ce premier tome nous laisse quelques questions – on aimerait vite comprendre pourquoi elle est responsable de son frère handicapé mental, pourquoi elle semble entretenir des liens serrés avec la police locale, et ne verrait-on pas aussi une idylle naissante avec le gentil copain qui vient garder son frère de temps à autres ?
Le meilleur atout de » Stumptown : 1. Disparue » reste sa narration rythmée, et son découpage cinématographique. On nous colle les yeux là où il faut, et on le lit d’une traite dans son ambiance froide et peu colorée. En bref, un bon polar aux personnages humains, palpables, qui, sans aucune prétention, s’apprécie dans la mesure de ce qu’il est et pour ce qu’il nous offre.
Fabrice Blanchefort
Stumptown : 1. Disparue
Scénario : Greg Rucka
Dessins : Matthew Southworth
Editions Delcourt
144 pages – €¬14.95
Novembre 2012