Les Tuvache sont d’honnêtes commerçants, ils tiennent la boutique familiale et s’enorgueillissent d’un service et de produits de qualité. D.’ailleurs, jamais aucun client n’est venu se plaindre d’un achat. Et pour cause, la †œMaison Tuvache† vend des solutions pour mettre fin à ses jours, pour tous les budgets et dans tous les styles. Famille (mal)heureuse, le clan Tuvache se compose de Mishima (le père), Lucrèce (la mère), Vincent (le fils aîné), Marilyn (la fille) et Alan (le dernier né), mais celui-ci est optimiste, enjoué, souriant et sa bonne humeur fait tâche d’huile dans une entreprise qui prospère grâce au désespoir humain. Alan est la honte de la famille.
Ici, le scénario est le travail d’Olivier Ka qui restitue l’ambiance satirique et tragicomique du roman. Un roman de l’absurde porté par des dialogues délirants et des situations improbables. A l’image d’une fantaisie des Monty Python, †œLe Magasin des Suicides† est vraisemblable justement par la folie qui l’habite. Comme un conte morbide et moderne, †œLe Magasin »† est porteur d’une morale sur notre société. Voir la bonne humeur du jeune Alan torpiller doucement mais surement le fond de commerce abject de ses parents est un vrai plaisir et injecte une grosse dose d’humour dans ce monde tragique.
Au dessin, Domitille Collardey (†œChicou Chicou†) réalise de vrais prodiges. Son découpage qui utilise les murs de la maison Tuvache comme bords des cases est extrêmement bien pensé. Le cadrage des dialogues, les gros plans, les plongées et la restitution en 3D isométrique de certaines scènes, tout est plaisant et bien pensé. La colorisation de Max de Radiguès joue aussi pleinement à la transposition graphique des changements qui s’opèrent dans le magasin. Alan est le seul personnage vivement colorisé, son univers (chambre, jouets, vêtements) est criard et vibre de sa joie de vivre et insidieusement, la couleur déborde, touche d’autres personnages, d’autres objets »Une très bonne idée de plus.
Stéphane Soulier
Le Magasin des suicides (d’après le roman de Jean Teulé)
Scénario : Olivier KA
Dessin : Domitille COLLARDEY
Couleurs : Domitille COLLARDEY
Editeur : Delcourt
48 pages – 14.95€¬
Parution : 5 septembre 2012