» Il n’y a pas de fin » – voilà la sentence fatale signée Jonathan Hickman, adressée des confins étroits de la dernière vignette de » Red Wing « .
Et c’est bien dommage, car c’est en effet le sentiment que laissent les 128 pages de cette BD SF : on en attendait plus de cette fin. On aurait bien voulu comprendre. On aurait bien voulu aimer.
Car dans le principe, Red Wing a tout pour plaire : nous sommes propulsés dans le futur, et un escadron de pilotes hypra entrainés parviennent à voyager dans le temps à bord de leurs engins supersoniques puissants et à la jolie carrosserie. On nous fait vite prendre conscience que chaque incursion dans le passé ou dans le futur peut avoir des conséquences désastreuses, et au fur et à mesure de la lecture, on comprend que le père d’un des acteurs principaux de l’escadron, porté disparu, est très certainement à l’origine d’un chamboulement dans l’espace-temps, puisqu’il a perturbé la vie des Mayas…
Et alors quoi ?
S.’ensuit une sorte de face à face entre le père et le fils. On ne sait de quel côté se ranger : du coté du fils, qui au final, essaie seulement d’arranger les choses d’une manière plutôt définitive en retournant dans le passé pour tenter de sauver le présent (ou quelque chose comme ça ?), ou du côté du père plutôt, qui n’a pas eu conscience de l’ampleur des conséquences de ce qu’il a instruit aux Mayas, et qui ne comprend pas les actions du fils (ou est-il le vrai héros ?).
Bref, on se perd un peu dans l’intrigue. Et nous n’aurons droit ni aux réconciliations ni à la bagarre sanglante entre le père et le fils. On se perd aussi dans les dialogues, lourds et creux, pleins de mots, mais dont le sens nous échappe souvent, et bien trop surjoués parfois. On attend un grand final, on attend d’en prendre plein la figure, mais ce final au juste : » il n’a pas de fin « .
On suppose que Jonathan Hickman a tenté, de son mieux, de nous donner une leçon sur notre manière de voir le temps, et il est frustrant d’y sentir qu’il a fait de son mieux et qu’il est certainement convaincu par son effort, mais à la lecture, on ne sait malheureusement pas trop reconnaître laquelle.
Fabrice Blanchefort
Red Wing – one shot
Scénario : Jonathan Hickman
Dessin : Nick Pitarra
Editeur : Delcourt
128 pages – 14,30€¬
Parution : Novembre 2012