Music Movement est un album too much et dans sa volonté de bien faire, MaYanob sombre au début dans un trip hop ampoulée. Mais il se reprend vite dès qu’une basse new wave se met en branle. Ouf !
Le groupe est originaire de Decazeville et bénéficiant de talents instrumentistes et visionnaires, il propose un album riche et ambitieux. MaYanob a les moyens d’oser et d’essayer. D’ailleurs, à , mi-parcours, il s’octroie la liberté d’ouvrir son disque vers d’autres horizons en proposant un titre habité par le Mystère des Voix Bulgares, le folkore irlandais et le chant charnel des gitans (Kesaj Chave). Cette incartade – plutôt réussie – ne ressemble à aucun autre titre de Music Movement. A croire que MaYanob a vraiment décidé de se faire plaisir et de suivre son instinct.
C’est vrai qu’au début, la chose semblait être attendue et définitive : le groupe était visiblement marqué par Massive Attack, dessinant un univers tourmenté où samples et viole de gambe trouvent leur place. En dépit de cela – où à cause de cela justement, le début de Music Movement est décevant voire ennuyeux. MaYanob ne fait pas mieux que le groupe de Bristol et propose une musique de bon élève ayant troqué l’inventivité d’alors par un surcroît d’affect. La cause serait donc pliée et finirait dans les brumes chimériques d’un retour du trip hop, si le groupe n’avait dans sa manche d’autres atouts et d’autres références musicales.
C’est là d’ailleurs que la basse entre en jeu, un instrument moins riche de sonorités qu’un sampler, moins chic qu’une viole de gambe mais qui donne une armature de fer – quand on le souhaite – à un morceau. Branché post-punk et new wave, MaYanob est dès lors plus direct dans son approche et plus efficace dans son résultat. Sur une ligne rase-moquette proche d’Isolation de Joy Division, Cinquecento, et There’s a man, (avec flanger à la Primary de Cure), font leurs petits effets, vénéneux et insidieux. MaYanob s’inspire mais ne copie-colle les grands anciens, proposant sur ces morceaux, des lignes de chant totalement différentes où l’association , des voix mixtes fait merveille. Minimaliste avec une rythmique binaire et indus, Decazeville est le parfait exemple d’un titre séminal qui arrive à se relancer et à maintenir sa tension interne. Le cas de Radio Grise est encore plus pertinent : commençant sur la belle voix , de Maggy Dubet, volatile et diaphane, le morceau s’enrichit du cadre qui lui donne sa force et son impact – une rythmique basse/batterie au taquet et une guitare incisive. Le morceau – ainsi que Physical ou Rasta Pop, – évoque DJ Shadow, artiste qui a su parfaitement marier atmosphère languide et rythmique prenante ; c’est plutôt un compliment.
Avec tout ça, on regrette que Music Movement comporte 14 titres et non pas seulement 10…Mais »qui peut le plus, peut le moins » comme dirait l’autre et MaYanob vous offre – pour le même prix ! – la possibilité de trier le bon grain de l’ivraie. A vous de jouer.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 4 février 2013
Label / Distributeur : Zumol / Believe
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