Si le printemps n’est pas encore tout à fait avec nous, le bourgeonnement de jeunes pousses musicales n’en indique pas moins le prochain réchauffement de saison à venir. En témoigne le premier album de Young Dreams, une formation attendue depuis la publication de leurs prometteurs EP.
Oeuvrant dans le courant d’une pop nordique très active, la musique de ce collectif de musiciens réunis par le norvégien d’origine chilienne Mathias Tellez affiche, toutes les caractéristiques d’une certaine pop moderne : jeunesse, enthousiasme et volonté de synthétiser les époques et mêler des influences assez hétéroclites.
Une fougue qui tente de célébrer autant les harmonies célestes des Beach Boys (LA fondation principale de leur musique) que les rythmes sud-américains tropicalistes (origines du leader obligent), l’ethno pop tribale, l’électronica indie ou le néo-classique. Dans un genre pas mal, pratiqué par beaucoup de leur, semblables, pas évident alors de tirer son épingle du jeu.
Gorgée de refrains solaires, d’harmonies lyriques et de rythmes variés, la barque de Between Places parvient pourtant à séduire souvent, autant qu’elle peut paraître par moments trop chargée. Ainsi, Dream Alone Wake Together, Wounded Hearts Forever ou Footprints, rayonnantes vignettes pop à la rafraîchissante innocence, désarmante de candeur, vraies perles lumineuses, distillent un charme immédiat, ET durable, preuves évidentes du talent de compositeur du jeune auteur.
Une virtuosité et un goût pour l’ornementation orchestrale qui, si elle témoigne du solide bagage musical du garçon, habille aussi leur musique d’une visible surcharge, d’idées, d’harmonies, de surproduction (The Girl That Taunt Me, courageuse mais trop longuette digression électro pop) qui pourra agacer parfois. Des travers déjà rencontrés chez des artistes adeptes du trop-plein tels qu’Animal Collective ou Yeasayer.
Between Places convainc aussi plus quand il aligne d’impeccables titres pop élégiaques (Fog Of War, single parfait) que des tentatives afro pop à la Vampire Weekend moins concluantes (First Days Of Something, Young Dreams).
Encore trop jeune pour réussir à mêler autant Leonard Bernstein que Brian Wilson ou Panda Bear, Matias Tellez témoigne tout de même d’une flamme qui ne demande qu’à être canalisée et affiche un art de la mélodie, une aisance d’écriture ainsi qu’une constante luminosité dans l’inspiration digne des meilleurs titres de certains orfèvres pop nordiques. Tels les réjouissants danois Treefight For Sunlight ou les suédois, Simian Ghost ou, Korallreven (d’ailleurs auteur d’un remix de Fog Of War).
La couleur d’une école décidément portée vers la lumière dont Young Dreams, lorsqu’il s’affranchiront de leurs excès de gentillesse et autres défauts juvéniles, risquent bien d’être de forts, dignes étendards. Pour notre plus grand plaisir.
Franck Rousselot
Young Dreams – Between Places
Label : Modular Recordings
Date de sortie : 4 mars 2013, ,