Purity ring, littéralement l’anneau de chasteté, est le travail du duo Megan James à la voix, et Corin Roddick, à la production, comme dans le bon, vieux temps des duos électro de ce début de siècle. Leur album shrines emballé en moins de 40 minutes a pris le temps de mûrir au rythme des titres diffusés au compte gouttes sur le web.
Le duo d’Edmonton (Alberta) choisit la voie d’un album à l’esthétique qu’on dit aujourd’hui rétro-futuriste; preuve supplémentaire, s’il en était besoin, qu’avoir eu 16 ans dans les années 90, c’est aujourd’hui être rétro :-) . Vu le retard de critiques que j’accumule, tout le petit monde de la blogosphère/presse musicale a déjà commenté, shrines. Plutôt objectivement, soit dit en passant. Pitchfork, généreux, attribue 8.5 à l’album et les compare à la démarche du groupe High Places.
J’aime aussi cet album, mais pas tant pour sa démarche de ressemblance à une époque révolue.
Il faut d’abord décrire ce rétro-futurisme, peut-être. Il y a d’abord l’économie sonore systématique. Purity Ring pose son univers sur un pattern cyclique réalisé sur computer comme au bon vieux temps de la musique assistée par ordinateur et de la découverte des séquenceurs. On songe aux formations de 1994 à 2000 qui ont bâti leur réputation dans l’ambient ou l’intelligent tech (Mouse on mars, Aphex twin, Mike Paradinas, Squarepusher…) Avec ces groupes Purity Ring partage l’art de la boucle inquiétante, mélancolique ou juste sombre, et la technique de la syncope rythmique, appuyée à coups de cymbales électroniques.
Mais Purity Ring pioche aussi dans des références plus électro, et la voix de Megan James quasiment systématique, avec son timbre juvénile et parfois diaphane, pose une couleur romantique, spleenetique sur une musique qui flirte avec les sonorités vespérales. Difficile de ne pas penser au style islandais de Gus Gus, ou des Belges de Hooverphonic, à la même époque »rétro-futuriste » que les références précitées.
A me relire j’ai l’impression de parler d’un groupe de faussaires efficaces. Ce n’est pas tout à fait le cas. Il flotte sur le disque une atmosphère sensuelle indescriptible que je ne trouvais pas à l’époque dans les groupes mentionnés. L’évolution se situe dans la capacité a ré humaniser, sensualiser, une musique par essence un peu froide. Et puis tout n’est jamais qu’affaire de timing. Dans le paysage musical de 2013, ils ne sont pas nombreux dans le créneau. Et Purity Ring tire très honorablement son épingle du jeu.
Album idéal pour accompagner les rêveries un peu sombres du samedi soir, quand le monde entier a décidé de partir s’encanailler et que nous restons, désespérément, amorphes sur un grand lit hivernal. Non défait et un peu froid.
Denis Verloes
Tracklist
Label: 4AD / Beggars
Date de sortie: septembre 2012
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