C.’est avec plaisir que l’on retrouve la parisienne Pollyanna et sa musique charmeuse, mêlant country, folk et pop pour un troisième album (« The Mainland ») en forme de voyage où il est question d’embarquer pour le Nouveau Monde, la guitare sur le dos… L’occasion de lui demander quels sont ses disques favoris du moment et de toujours… et en plus ça tombe bien, elle a plein de choses à nous faire découvrir.
mars 2013
5 albums du moment :
The Bookshop Band – Complete works
Des amis de Bath. Ils sont trois, jouent dans des librairies lors de rencontres avec des écrivains des chansons inspirées de leurs livres. Ce qui m’épate, c’est la rapidité avec laquelle ils écrivent des titres très bien troussés. Moi il me faut des années pour pondre un album! Ce sont d’excellents musiciens. La violoncelliste, qui trimballe avec aplomb son instrument précieux de bars en grandes scènes (elle joue avec une foule de pointures), est l’une des meilleures que je connaisse.
Ana Egge – Bad Blood
Une songwriter rencontrée l’année dernière à la Folk Alliance à Memphis. Je n’avais aucune idée qu’une telle scène existait. J’ai eu l’impression de découvrir une spécialité américaine pas encore importée telle quelle: de la country alternative, branchée et très féminisée. C’était bourré de macadam cowgirls et ça non plus, je ne savais pas que ça existait. Autre leçon de ce voyage: on peut faire des concerts seul avec sa guitare, sans micro, et même pas être chiant.
Shannon Wright – In Film Sound
Elle vient de sortir un disque et c’est toujours un évènement. Fidèle à son énergie brute, ce cru est même particulièrement noise. Mais il y a toujours cette grâce mélodique qui transperce l’ombre. Ces chromatismes déchirants. C’est tout à fait encourageant d’être sur le même label qu’elle.
ESG – Come Away with ESG
Bon OK je triche, c’est pas du tout un album du moment, mais je l’écoute vraiment en ce moment. Comment qualifie-t-on ESG déjà , du dance-punk? Cela flatte mon côté riot grrrl et black panther et si j’aimais danser, je danserais là -dessus. En attendant, ça me donne surtout envie de me remettre à la basse.
Luzmila Carpio – [Remasters à paraître]
Je triche encore: l’album n’est pas encore sorti. Mais qu’un label de ma galaxie indé parisienne (Almost) ressorte l’oeuvre de la chanteuse nationale bolivienne au son de laquelle j’ai grandi, la coîncidence est trop belle. Mon père joue de la musique andine depuis toujours, et j’ai voyagé là -bas. Avant mes 15 ans, ça faisait 80% de ma culture musicale, les 20% restant étant un mélange de folk anglo-irlandais et de Jacques Brel. Alors à voir les popeux d’ici s’enticher de Luzmila (ex-ambassadrice bolivienne à Paris, tout de même), je me sens moins seule.
5 albums pour toujours :
The Cure – 17 seconds
Après une phase hard-rock semi-honteuse dans mon adolescence qui m’a au moins permis d’apprendre à jouer de la guitare, j’ai découvert les Cure et ça a changé ma vie. J’écoute très régulièrement ce disque et c’est toujours une claque. Tellement intelligent.
Jimi Hendrix – Are You Experienced
Un beau reste de mes années Guitare & Claviers. Au-delà de son image de guitar-hero, Hendrix était un incroyable bluesman, tout en émotion brute. Je suis pas fan de son côté chaman pour blancs-becs, où de ses solos, « avec les gencives et la bite » mais si on l’écoute bien, c’est surtout un mec qui sait animer la moindre note. J’aime aussi ce que j’ai lu de lui, son ouverture artistique, sa solidarité (il a filé un coup de pouce à Patti Smith, en son temps). J’aime aussi ses textes, souvent, et j’adore son bassiste et son batteur. Dans tout ça, j’entends beaucoup de l’Amérique, de cette créolisation entre blancs, noirs et indiens, l’électricité, le pétrole et la poudre, ainsi qu’une énergie sixties délicieusement surannée.
Clannad II
A 16 ans, j’ai consciencieusement copié tous les vinyles des parents de ma correspondante irlandaise à Limerick. C’est l’été où j’ai découvert les conversations interminables dans les pubs, aussi, ce qui est devenu une vraie passion. Il y avait vraiment beaucoup de trucs kitsch dans cette collection, mais je suis tombée amoureuse de Planxty et de Clannad. Ce disque-là surtout, de 1975, parce que le jour où ils se sont mis aux synthés, tout ces folkeux, ça a été terrible.
Laura Veirs- Carbon Glacier
C’est peut-être le truc le plus cohérent que je cite ici. On peut sans doute dire que l’univers de Pollyanna est proche celui de Laura Veirs. Cet album-là est mon préféré: des trouvailles harmoniques, de l’acoustique, de l’électricité, un peu de synthé analogique et des cordes. On dirait un portrait rêvé de mon album. Evidemment je l’ai découverte alors que j’avais déjà sorti plein de trucs, donc on ne peut pas techniquement parler »d’influence » mais plutôt de jumelle astrale, en quelque sorte.
Sonic Youth – Dirty
En fait, je ne sais plus si c’est The Cure ou Sonic Youth qui a changé ma vie. Ou le premier album de PJ Harvey. M’enfin après ça, j’ai arrêté d’essayer de faire des solo de guitare, ça c’est sûr. Et j’ai commencé à désaccorder mes cordes graves et à mettre la disto à fond. Je n’ai jamais fait la différence entre ce bruitisme et la guitare sèche, à laquelle je suis revenue depuis, et que j’aime bien déconstruire aussi, l’air de rien. Je sais que cet album est l’un des plus pop de Sonic Youth et que pour cette raison, il est de bon ton de le critiquer. Mais justement, j’aime la pop. Pas la peine d’être désagréable pour être intense, si?
Pollyanna – The Mainland
Vicious Circle
Sortie février 2013