Après 22 ans d’absence, Crime & The City Solution revient avec un nouvel album. Pas assagi pour deux sous, le groupe de Simon Bonney, trouve à Detroit une nouvelle terre d’inspiration.
Sorti l’année dernière, An History of Crime retraçait les années berlinoises du groupe. Plus qu’une simple compilation, ce disque permettait à Crime & The City Solution de se rappeler au bon souvenir de ses auditeurs. Le groupe, souvent résumé comme étant un Nick Cave and The Bad Seeds bis, démontrait aux nouvelles générations l’importance de sa musique, sa spécificité et son statut de groupe culte. Les pendules étant remise à l’heure, Crime & The City Solution pouvait donc écrire une nouvelle page de son histoire…22 ans après. Pour ce groupe nomade, ce nouveau chapitre devait s’écrire à Detroit.
Detroit, Motor city ravagée en plein coeur par la crise, fin du rêve américain à ciel ouvert. Quelle ville pouvait le mieux voir renaître un des maîtres du rock underground ? Detroit est également le berceau des Stooges et de MC5 et l’on sent cette double influence sur American Twilight : certains titres de l’album (My, Love Takes me There, Riven man, American Twilight), semblent trempés dans le même bain graisseux de blues électrique, mais toujours avec cette touche underground et décalée propre au groupe (avec, trompette et violon). Il est réconfortant de retrouver aujourd’hui ce quinquagénaire de Bonney toujours aussi mordant. Il y a bien Beyond Good and Evil,, une ballade rustique apaisée un peu pépère., Mais le groupe garde le goût des musiques insaisissables, celles qui semblent avancer suivant une folie interne totalement habitée (The Colonel, la fin de Streets of West Memphis).
Il faut dire que l’Australien a autour de lui la mouture de Crime and The City Solution la plus prestigieuse de son histoire : Alexander Hacke (Einstürzende Neubauten), David Eugène Edwards (Sixteen Horsepower, Wovenhand), Jim White (Dirty Three), Troy Gregory (Witches , Prong), Matthew Smith (Outrageous Cherry), Danielle de Picciotto (Ocean Club) sans oublier Bronwyn Adams au violon et co-auteur de certains titres de l’album.
Fort de cette dream team, American Twilight trouve même un souffle nouveau, épique et dévastateur sur l’introductif Goddess et Domina, semble encore plus regarder vers l’Ouest et les grands espaces au soir couchant. Beyond Good and Evil est une ballade rustique apaisée. A croire que David Eugene Edwards, ait largement influencé cet album »américain ». Les meilleures années de Crime and The City Solution sont sans doute derrière, mais ce American Twilight, tient son rang et entretient la légende.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 25 mars 2013
Label / Distributeur : Mute / EMI
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