Il y a du bonheur dans cet album ! Gablé démontre une nouvelle fois que les expérimentations sonores peuvent aller de pair avec , une explosion des sens et une fantaisie de chaque instant.,
Les Français sont des têtes chercheuses, des iconoclastes, des impertinents, des enfants dans des corps d’adulte, de joyeux rigolards qui s’amusent d’un rien. Les Caennais ont su attirer dans leur sillage quelques fans invétérés amateurs des trouvailles et de l’esprit frondeur du trio. Parmi ces Gabléphiles, le label anglais Loaf recording n’est pas le moindre, ayant signé les Normands pour trois albums, dont le dernier, Cute Horse Cut, est sorti en 2011. Avec Murded, Gablé revient en France par l’intermédiaire de son nouveau label, Ici d’Ailleurs. Le trio ne change pas d’un iota son esprit collage et essaye de retranscrire au plus juste – et en studio – la folie rémanente de ses prestations live. Pas si facile, les Normands faisant feu de tout bois dans une joie créatrice des plus communicatives. Avec Murded, ce n’est pas la pop qu’on assassine mais bien la musique qu’on ressuscite.
Il y a 40 ans des Beatles s’amusaient à mettre du mellotron là où ils auraient pu n’y avoir que des cordes. Les Beach Boys se plaisaient à mettre des bruits de canette, de chien, de sonnettes de vélos dans un album de pop orchestrale. L’un et l’autre , mettaient ainsi leur grain d’expérimentations et de folie dans une pop haute en couleurs. Aujourd’hui avec Gablé et quelques autres (Chapi Chapo, Animal Collective, Mein Sohn Williams), c’est un peu la même chose. Sauf qu’entre temps, sont passés par là : le krautrock et la fascination des claviers vintage ; le hip hop et l’art du collage ; le punk et son entreprise de destruc(tura)tion ; l’électronique et son minimalisme porté en étendard ; l’antifolk et son naturalisme décomplexé. Il y a tout ça dans Murded mis au service d’une pop et d’une folk qui prend à contre-pied, qui prête à sourire. Comme exemple criant, citons, Openologue et Oitre. Même une oraison funèbre est sujette à fantaisie car semblant jouée dans une ivresse de fin de soirée (Hein). Le tout dans un format généralement autour , de 2′ dans un plaisir de l’ébauche fulgurante. Le seul titre long, Limp To Glove, parfaitement construit dans une montée irrésistible, laisse entrevoir ce que le groupe pourrait donner s’il acceptait de devenir plus adulte. Juste un peu. On se dit que Gablé n’a pas encore sorti son Pet Sounds mais ce trio pour le moins atypique y travaille.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 18 mars 2013
Label / Distributeur : Ici d’Ailleurs / Differ-ant
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