Alex Beaupain – Après moi le déluge

On a déjà  parlé du »cas Beaupain » chez Benzinemag. L’histoire du bonhomme et de son rôle de compositeur de musique de film pour les chansons d’amour de Christophe Honoré notamment. Je n’y reviens pas. Et a dire vrai, j’étais un peu passé a côté, persuadé pour je ne sais quelle raison idiote qu’il s’agissait d’un petit phénomène intello bien éloigné de mes préoccupations pop.
Du coup, je me suis mangé le nouvel album dans les dents, d’une force…..

Musicalement Alex Beaupain part souvent d’une base de clavier qu’il enrichit ou non, au besoin, d’arrangements classiques. Il ne cède jamais a la tentation, pourtant presque téléphonée, de la surenchère orchestrale. Pénétrer dans l’univers musical riche, d’Alex Beaupain c’est devoir reconnaître au bout de quelques notes que le bonhomme sait comment y faire pour développer une tension dramatique, au piano. Les arrangements arrivent comme un mille feuilles de tension progressive. Parfois, en mode mineur, ils substitue à  la tradition instrumentale des bidouillages électroniques. Cinématographique est l’adjectif qui convient le mieux, même si je sais que j’ai l’impression de paraphraser sa biographie. Cinématographique comme les films français du début des années 80. Large, assumé, quasi théâtral. Mais aussi un jeu chargé d’émotion, comme William Sheller compose de la chanson française, ample au piano ou comme le short album about love de the Divine Comedy pour aller chercher des couleurs en dehors de l’hexagone, et un peu de majesté aussi. Il n’y a jamais un instrument, dans les arrangements, qui ne semble là  que pour jouter de la richesse de son. Non. Les cuivres, les cordes n’apparaissent QUE à  dessein. Ils sont acteurs des différents tableaux composés par Beaupain. Ils apparaissent comme des acteurs dans un film, pour faire progresser l’histoire.

La voix de Beaupain étonne. Enfin plus que sa voix qui me trouble par son côté Souchon, mais ça c’est personnel; c’est le phrasé du chanteur, qui me frappe. Comme Nougaro, comme Grand corps malade aussi un peu, Alex Beaupain hésite entre le chant et la déclamation, entre la mélodie des mots et la narration romanesque. La conséquence immédiate de cette méthode sans doute involontaire c’est qu’on écoute les paroles. Je veux dire qu’on pèse chaque mot sans jamais se laisser distraire par la ligne mélodique, pourtant torchée, je l’ai évoqué plus haut.

Et les paroles…. Wow. Quelle efficacité! Je ne sais pas si j’ai déjà  jalousé l’écriture d’un musicien comme je jalouse celle d’Alex Beaupain. Je ne sais pas si c’est l’approche de la quarantaine, mais j’ai l’impression tout au long de l’album l’artiste me parle à  moi. Parle de moi. Moins cru que Miossec, moins programmatique que Dominique A, moins second degré que Katerine, plus concret que la variété française dans son ensemble, Beaupain égraine les thèmes usuels de la poésie française: l’amour, les amours mortes, le temps qui passe. La richesse des mots choisis, les sonorités internes des phrases qui ne négligent pas le langage quotidien, ajoutent à  la qualité des rimes de la chanson. Je suis bluffé et conquis.

Beaupain écrit autant qu’il compose. L’intensité naît de la rencontre entre le sens des mots et le son. Le son des phrases ciselées, travaillées pour sonner à  la récitation. Le son des compositions qui mettent en musique avec une profondeur incroyable les petits courts métrages audio collectés sur CD. Je veux définitivement., Je suis un souvenir à  mes funérailles. Le plus simple et beau texte que j’aie lu ces dernières années sur le temps qui passe et l’absence de ceux qui disparaissent emportés par le temps comme l’eau de la Seine sous le pont Mirabeau – Pain. (pardon).

 

Denis Verloes

Tracklist

Label: AZ / Universal
Date de sortie: 15 avril 2013

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1 thoughts on “Alex Beaupain – Après moi le déluge

  1. J’ai du mal à adhérer à cette critique. L’album est quelconque, aucune originalité.

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