Très beau film puisé dans le propre parcours du réalisateur qu’il parvient néanmoins à retracer avec une certaine distance (l’épisode ‘amoureux’ est ainsi un ajout) tout en restant à hauteur d’enfant. Sur un sujet tragique, le film distille cependant une atmosphère douce. Le recours à l’animation pour illustrer les moments les plus violents et la transposition des rêves de Juan participent largement à cette impression. Dans cette période de terreur et de représailles qui caractérisent la dernière dictature militaire en Argentine, le réalisateur n’omet pas de rappeler que l’esprit était aussi à la fête, à l’exaltation salutaire d’un instinct de vie qui voulait croire en la force des idées et en la capacité de changer le monde. Comment être un garçon de 12 ans, à la fois aimé par ses parents et complètement associé à leurs luttes à son corps défendant. Égoîsme ou inconscience de leur part, aveuglement dû à leur engagement qui régit leur existence et relègue à l’arrière-plan leur rôle d’éducateur. Tout en délicatesse et finesse, Enfance clandestine appartient donc à la catégorie des films initiatiques et fait de Juan l’alter ego sud-américain de Ellis, le jeune héros nord-américain de Mud. Si le contexte et l’époque sont différents, il y a incontestablement beaucoup de similitude entre les deux expériences de ces deux enfants abordant les rivages de l’âge supérieur.
Patrick Braganti
Enfance clandestine
Drame argentin, espagnol, brésilien de Benjamin Avila
Sortie : 8 mai 2013
Durée : 01h50