L’enfant terrible du trip hop revient avec un dixième album qui se veut, être une réminiscence de son premier, Maxinquaye. Tricky l’annonce meilleur. On est d’accord.
Il serait faux de dire que Tricky ait particulièrement changé de style depuis son premier album solo – c’était en 1995. Dans l’intérieur confiné d’un genre, l’Anglais a su, exploré tous les méandres de sa musique. Il a parfois, durci le propos, en allant, vers plus de rock (Blowback), ou a accéléré sensiblement le tempo (sur son dernier album en date, Mixed race). Avec False idols, il tente, de retrouver l’expression la plus pure de sa musique : une musique paradoxalement alimentée par différentes sources, hip hop, soul, dub, rock, jazz. Comme de bien entendu, pourrait-on dire. Une musique de samples, de programmation et d’instruments. Comme il se doit. Ce dixième album plaira donc aux fans de la première heure (question de style), mais aussi à un large public, (question de qualité). False Idols n’est pas avare en morceaux fédérateurs, en mélodies imparables, en gimmicks qui vous restent dans la tête mais également,, en mélancolie dans laquelle il est bon de fondre (If Only I Knew). Les tubes s’appellent ici Nothing Matters, Bonnie & Clyde, Is That Your life (et son petit côté disco funk pop à la Feist), ou encore un Nothing Changed, totalement trip hop. Rien n’a pas peut-être changé depuis les années 90 mais qu’est-ce-que c’est bon !
Pour l’occasion, Tricky a recruté de nouvelles chanteuses d’exception : Francesca Belmonte en tête mais aussi Fifi Rong (qui, donne ses lettres de noblesse à la pop de restaurant chinois sur Chinese Interlude) ou, Nneka. A cela, s’ajoute, un chanteur au timbre très féminin : Peter Silberman de The Antlers dont la voix de fausset donne une touche Alt-J à Parenthésis. Et bien sûr,, Il y a, Tricky, venant poser des vocaux ça et là et donnant gravité et graisse à la musique, – il est, lead vocal sur Hey Love, le titre les plus hip hop du disque. Le terrain est connu donc et sur False Idols, l’Anglais ose une nouvelle fois le sample »hénaurme » sans vergogne et sans détour : après Isaac Hayes sur Hell is around the corner, il franchit un nouveau cap en s’attaquant à My Funny Valentine, la version sur Chet Baker ; finalement plus comme un hommage que comme un emprunt (le titre s’appelle d’ailleurs tout simplement Valentine). De manière plus insidieuse, We don’t die, évoque largement dans un synthé minimaliste, le thème de A Forest de Cure ; Tricky et sa chanteuse, rendant plus émotive la cold wave des années 80.
Avec le temps,, l’Anglais a sans doute muri, améliorant encore un peu plus la qualité de ses compositions et la production de sa musique. Il utilise aussi la force avec plus d’intelligence : là où Black Steel (Tricky compare False Idols à Maxinquaye, continuons de le prendre aux mots), ressemblait à un coup de poing dans le plexus, Parenthésis est plus ambigu, un rock, tendance indus mais chanté avec une sensibilité exacerbée. Et Does it marche sur le fil, coupant d’une basse, tendue comme un string : on s’attendrait à ce que la musique éclate dans un déferlement de guitares mais, le morceau reste imperturbable à ce stade d »avant la carnage » et il n’en est que plus fort. Après plus de 20 ans de carrière, Tricky est une vraie idole et son dernier False Idols est un grand cru.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 28 mai 2013
Label / Distributeur : K7! / La Baleine
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