Plutôt réjouissant, dès les premières secondes d’un disque, que d’éprouver le, petit frisson qui ne trompe pas, révélateur du plaisir musical que vous prenez dans l’instant. Encore plus réjouissant quand ce plaisir se prolonge sur l’écoute entière de l’album, ce Images Rolling offert, par le groupe Magic Arm.
Un bras magique, derrière lequel se cache le one man band Marc Rigelsford, qui malgré, les ciels gris de Manchester, compose un des plus radieux sentiers pop qu’il vous sera donné d’emprunter ces dernières semaines. Heureuse découverte que cet artisan solitaire, déjà auteur d’un premier album que notre radar avait omis de repérer (Make Lists, Do Something en 2009) qui le voyait avec une fraîcheur certaine jouer les bidouilleurs bricolos-ludiques à la Beck ou un genre de petit frère électro-pop de Badly Drawn Boy.
Pour ce deuxième volet de son trop discret parcours, le jeune barbu à casquette a vu plus large musicalement en habillant de fort seyants atours orchestraux ses délicates vignettes folk-pop. Fruit de cet éclairage nouveau dû à la fréquentation intime d’un nouvel instrument, le piano, Images Rolling déroule une lumineuse promenade privilégiant la chaleur instrumentale, les mélodies chantournées et le tableau d’une Grande-Bretagne champêtre immémoriale.
l’idéal éternel d’une certaine british pop »Old England » des Kinks aux High Llamas en passant par Divine Comedy et Belle & Sebastian, fantasme récurrent que le mini-orchestre mancunien perpétue avec inspiration. On en revient aux premières mesures de l’irrésistible titre d’ouverture Put You Collar Up, ses archets de cordes vibrantes, ses gouttes de piano clair, son rythme allègre, ses trompettes cuivrées à la Burt Bacharach, sa mélodie claire chantée d’une voix douce mais décidée.
Un petit ravissement qui le voit marier avec malice une pop de geek solitaire et les ambitions néo-classiques. Comme si la folktronica de Loney Dear opérait ses noces avec les rêveries orchestrales stylées de The Leisure Society ou du collectif folk Lost In The Trees (Warning Sign, Great Life) en gardant un oeil sur les harmonies vocales célestes, (le Beach Boysien You Have Won) tout en proposant de VRAIES chansons (un fait pas si courant)
La réussite de cet album, somme toute modeste dans ses moyens, est de ne jamais ployer sous ses références et de baigner dans une constante clarté mélodique, tutoyant au long de sa pop de chambre un certain ravissement (Tonight I Walk,, Lanes, Under The Eaves), bénéficiant de la couleur chaude procurée par la proximité des instruments.
Nullement révolutionnaire mais plutôt futé dans sa production, Images Rolling, dont le principal défaut sera en fait d’être trop court,, est de la graine d’album, capable de résister au temps et constituera pour tous les amoureux des canons pop un bien joli livre d’images, bucolique balade éclairée par un soleil mélodique limpide. Ce même soleil qui a tendance à nous faire défaut en ce moment, mais que vous trouverez caché ici dans ses accueillants sillons.
Franck Rousselot
Magic Arm – Images Rolling
Label : Peacefrog Records/V2 Records
Date de sortie : 03 juin 2013
Site, Internet de Magic Arm