Sixty Eight – The Story of Jack Moses Boyd

Ne vous fiez pas au style musical et aux noms des membres du groupe : Sixty Eight est bien français. Ne vous fiez pas à  la jeunesse du projet, ce groupe a déjà  de la bouteille et le prouve avec un album raffiné et hautement maîtrisé.

Qui se cachent derrière les noms de Jim Quester, Al Simon, Max Vaughan et Peter Mc Callaghan, respectivement bassiste, chanteur-guitariste, second guitariste et batteur de Sixty Eight ? Bien que nous ayons des éléments de réponse (ceux-là  sont plus à  chercher du côté de Paris que de Londres ou Manchester et Antoine Gaillet a enregistré et mixé l’album), nous ne les dévoilerons pas. Histoire de ne pas influencer l’auditeur dans sa découverte de la musique du groupe. Les quatre aiment le secret et s’inventent volontiers un double britannique.

C’est vrai que le Royaume-Uni leur va bien au teint : Sixty Eight pourrait apparaître totalement comme anglais, illuminant »Top of the Pops » de leurs mélodies charmeuses. Les Français font le choix de l’élégance : l’esprit pop est bel et bien là , toujours aussi vivant (The Beatles est une des obsessions du groupe), mais distillé sur des harmonies et des arrangements top classe. Le raffinement n’est pas un vilain mot mais on aurait tendance trop souvent à  l’oublier dans une époque qui lui préfère souvent l’énergie brute. Oubliés des groupes comme ABC ou Cousteau auxquels Sixty-Eight peut faire penser. Tout comme Gülcher, ici bas, le quatuor assume ses envies de beaux accords et de mélodie de velours. Il y a même un sax sur I still depend on you. Techniquement, le groupe a les moyens de ses ambitions, il en a aussi la sensibilité. Des tremolos de guitare, des caresses de basse chaloupée, et auréolée de choeurs, une voix à  la, fois douce et conquérante, dans la grande tradition de la pop anglaise, (This fascination, comme une balade sur la Riviera ou un Happy qui rend effectivement heureux). Même dans une version dénudée (guitare acoustique / voix), le groupe garde sa belle prestance (The Naked Kiss). Quelques guitares plus appuyées préviennent toute attaque sucrée : Sixty Eight ne devient pas post-punk pour autant mais sait afficher aussi un caractère plus mordant (I Do, I don’t ; the boy who missed much). On a beau avoir entendu ça cent fois (la pop anglaise est un art universel). Il y a peut-être un ou deux morceaux en trop, notamment Thank you, un peu too much dans le genre cliché. Il n’empêche, on marche car, The Story of Jack Moses Boyd reste mélodiquement sur le dessus du panier et se révèle même sacrément catchy ; comme disent les Anglais. Last Home, dernier morceau de l’album, voit,  l’arrivée de la langue française, avec en prime une basse héritée de Serge Gainsbourg. Sixty Eight est bien français. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 3 juin 2013
Label : Autoproduit

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