Le sixième album de Santa Cruz ne déçoit pas. Bien au contraire, il confirme la stature des Bretons comme un des meilleurs représentants de l’Americana. Ici et ailleurs.
Santa Cruz a toujours pris des libertés avec la géographie. Evoquer une ville de Californie alors que l’on est rennais, cela commencait mal. Mais voilà qu’il rajoute Acapulco à leur carte du monde toute particulière, alors qu’il n’y a aucune trace de Mexique dans leur album. Elvis in Acapulco existe déjà ., Il s’appelle, en français, l’Idole à Acapulco, , et c’est un, nanar technicolor, surfant sur la gloire du King qui, fait amusant, n’a jamais mis une tong ou une santiag à Acapulco :, le film de Richard Thorpe (qui devait avoir sans doute une dette de jeu à payer) est entièrement tourné en studio., Le lieu est aussi, question de fantasme, de croyance et d’envie. Un peu comme Santa Cruz qui a toujours rêvé d’Amérique et de grands espaces et qui enregistre Elvis in Acapulco à Vern sur Seiche.
En six albums, la grande force de Santa Cruz a été de nous faire oublier leur originse, leur, langue maternelle et tout le reste. Le groupe breton est un des meilleurs représentants de l’américana, oserai-je dire au-delà de nos frontières. Point Barre. Et Elvis in Acapulco assoit encore un peu plus la stature du sextet. Et c’est en patron que le groupe, ouvre son disque sur Sesame Noodles dans un beau travail ouvragé et boisé ; une constante dans un album qui n’a pas besoin d’imposer sa force pour marquer. Santa Cruz, c’est du solide, du costaud, de la maîtrise mais aussi de la finesse. Le groupe sait combiner les sonorités typiquement folk comme le banjo, le pedal steel, et le dobro avec des guitares nettement plus rock (Elvis in Acapulco). Il peut être pop et country dans une même musique (You never know) et peut passer d’un conquérant Unexpected Reactions, magnifique chevauchée épique dans une plaine infinie à un High and Loud qui s’ouvre dans une délicatesse introvertie et une voix de fausset tout en retenue. Le morceau part après vers des contrées inédites, touchant à une ferveur aussi sacrée que la voix d’un muezzin., Les deux titres ont en commun une basse qui groove tranquillement, Santa Cruz est aussi maître du rythme et d’ailleurs, sur High and Loud, les Rennais appellent en renfort un deuxième batteur Jean-Yves Lefeuvre (Philippe Pascale, Miossec) maître en balais et cymbales. Il y a d’ailleurs d’autres invités sur Elvis in Acapulco. Joseph Racaille sur Walking in the Snow et Thomas Poli sur Great City of Devotion qui termine l’album dans des effluves de guitares que n’auraient pas renié Mogwai – magnifique moment de sérénité électrique. Pas d’Elvis, pas d’Acapulco mais un bon disque, encore et toujours.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 2 mars 2013
Label / Distributeur : Les Disques Normal / Differ-ant
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