Malgré une couverture dégonflée de peps et un concept qui, de prime abord, pourrait souffrir d’être une pâle copie de ses influences, » Le Cercle » convainc haut la main.
Publié au sein du nouveau label de »Delcourt Comics Fabric » dont l’idée est de donner une présence francophone au » comic » habituellement made in USA, » Le Cercle » sait efficacement s’emparer d’un rythme et d’un format et s’imposer grâce à une histoire originale et solidement construite.
A la lecture du pitch, on pense tout de suite à la série américaine » Heroes » : une troupe de personnes forment le Cercle, une communauté anonyme et on-ne-peut-plus discrète de gens issus de milieux et d’âges différents, venus au monde avec des pouvoirs variés et qu’aucun ne s’explique. l’assassinat soudain de l’un d’entre eux, Adam, qui inquiète la plus jeune de la troupe, Pia, les lance tous sur les traces de ce quelqu’un ou quelque chose, qui semble déterminé à décimer chaque membre du Cercle.
La première chose dont on se délecte est la qualité et l’originalité des pouvoirs en question. Pia fait des rêves énigmatiques qui se détachent des rêves prémonitoires usuels du genre fantastique : elle doit interpréter la présence d’objets ou les choses qui y sont dites pour pouvoir les comprendre et s’en servir ; Erik parle aux voix du » vide » : s’il n’est pas certain de savoir ce que compose ces voix, il est clair que le vide, présent en tout lieu sans contour défini, est porteur de secrets qu’il peut communiquer ; Nicolas, enfin, voit les couleurs émanant des gens et des objets, et sait les interpréter.
l’intrigue est finement menée, soutenue par un solide fil narratif qui saura sans aucun doute maintenir la série sur le long terme et tenir en haleine. » Le Cercle » ne crée certainement pas un genre mais démontre qu’il a très bien compris celui dans lequel il s’insert et sait efficacement en jouer. Des clés sont posées, des portes entrouvertes. Les personnages sont crédibles, palpables et intéressants, et se déplacent dans une fresque tout à fait cinématique qui sublime les codes du genre.
Visuellement parlant, le pouvoir de Nicolas est des plus intéressants à regarder, et Neisskain nous gâte d’un dessin précis, avec des personnages aux traits et attitudes déjà parfaitement définis et posés.
Andoryss y va d’un dialogue moderne et convaincant, teinté d’humour et de sarcasme qui rappellera presque la virtuosité d’un certain Joss Whedon.
Dans un genre dominé par le super-héros, les personnages du » Cercle » véritables anti super-héros, séduisent le lecteur par leur histoire atypique. Il ne s’agit pas d’un comics américain, et ce n’est pas non plus de la BD traditionnelle française : c’est tout simplement une excellente création Delcourt qui n’a nul besoin de brandir son étiquette ou son patriotisme pour exister.
Le Cercle tome 1 – Your True Colour
Scénario : Andoryss
Dessins : Nesskain
Editeur : Delcourt
90 pages, 14.95€¬
Parution : Avril 2013