Petit groupe sans prétention, The Letter Yellow témoigne néanmoins d’un savoir-faire parfois bluffant. Walking down the streets aurait encore plus gagné à être plus resserré sur ses vrais atouts.
J’anticipe mais Randy Bergida, songwriter de The Letter Yellow veillant aux destinées de son groupe chéri, n’apprécierait qu’à moitié mon » sans prétention » et il aura raison,, les New Yorkais, étant pour le moins appliqués quand il s’agit de composer et jouer, leurs chansons. Mais en vrai artiste de série B, il ne se dégage pas un style particulier des 12 morceaux qui composent Walking down the streets. Ceux-ci semblent chacun composés »à la manière de.. ». Un vrai groupe de suiveur qu’on imaginerait rencontrer dans un club et axant son show sur une suite de reprises brillamment exécutées. Bergida s’en réclame d’ailleurs un peu partout, mettant en avant que The Letter Yellow fait de la vraie musique, jouée par de vrais musiciens (sous-entendue pas de la musique en boîte, pas de la musique électronique). La vision est sans doute passéiste mais cela donne néanmoins un groupe qui tient la route. A défaut de reprises, les Américains proposent leurs propres compositions.
C’est vrai qu’au début, on les voit comme des Smiths à l’Américaine – il est vrai que, la voix de Bergida rappelle celle de Morrissey – que ce soit sur Changed, Out on the Streets ou It’s monday and I’m dreaming. Il y a là un vrai sens de la mélodie pop, que l’on trouve aussi chez Josh Rouse, le genre de songwriter qui donne ses lettres de noblesse à de l’américana (Hooray He’s not dead). Sensiblement différent, sur I can’t get A, des guitares sourdes viennent ponctuer une, mélodie larvée, on est dès lors sur le même terrain qu’un Red House Painters, en nettement moins désespéré. Avec ces titres, on se dit qu’on tient quelque chose, un groupe de nulle part, encore sans label, qui mérite largement d’être écouté.
Mais le spectre embrassé par The Letter Yellow est plus large que cela. Comme un groupe que l’on va voir dans un club et qui se sent obligé, pour plaire sans doute au plus grand nombre, de faire des blues rock emplis de chaleur (I got you, Hope street) voire un petit rock’n roll à l’ancienne (14 bar blues). Ce qui passe dans la fièvre avinée d’un concert devient plus douteux dans un disque, The Letter Yellow témoignant d’un grand talent de mimétisme mais diluant encore un peu plus sa personnalité dans un grand tout hétérogène.
On ne leur en tient pas rigueur – rien n’est indigne de toute façon. Et puis, ces New Yorkais ont sû nous bluffer sur quelques morceaux de leur album.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 9 septembre 2013
Label : Autoproduction
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