A l’heure du deuxième album, il est désormais impossible d’éviter Fabrice Ravel-Chapuis, un compositeur qui redonne ses lettres de noblesse à une musique classique d’aujourd’hui.
L’homme s’est fait connaître comme moitié du duo Artango (avec au compteur 5 albums et une multitude de distinction). Il a été aussi arrangeur, entre autres, pour Bénabar ou Maxime Le Forestier et compositeur pour Jean Guidoni. Autant dire que , Fabrice Ravel-Chapuis avait de quoi mener une carrière pépère de musicien-arrangeur. , Aussi, le titre de son premier album, En Danger prenait-il tout son sens. Mais le disque, sorti exclusivement en numérique, version instrumentale d’un opéra parlé de Philippe Adam, pouvait être perçu comme une expérience unique, réalisée néanmoins avec le plus grand soin. Avec Le Cabinet de Curiosité, le doute n’est plus permis : Fabrice Ravel-Chapuis est là pour durer et pour composer encore et encore sous son propre nom.
Autant En Danger , était d’une musicalité homogène, sombre et grave ; autant le Cabinet des curiosités est beaucoup plus ouvert. Il faut dire que le premier était confiné à une orchestration de piano (joué par Ravel-Chapuis) et de cordes. Le second y ajoute clarinettes, saxophones, trombone et tuba. Comme dans un vrai cabinet de curiosité (lieu hétéroclite par excellence), la palette chromatique est évidemment plus large (avec plus d’instruments, lead au-dessus du quatuor à cordes) ; l’humeur aussi, l’album naviguant entre pure mélancolie (Melancholia I et II, magnifiques) et allégresse bizarre. A l’instar d’un Michael Nyman, le Français peut établir un lien imaginaire entre la musique baroque – et sa basse continue – et la musique répétitive d’un Steve Reich (Ce qui échappe, le voilà votre scarabée). Fidèle à son patronyme, il prend aussi son inspiration dans la musique française (Maurice Ravel donc mais aussi Claude Debussy), jouant aussi sur des tonalités parfois étranges, voire étrangères. Ne retrouve-t-on pas un peu d’Artango dans Curiosités ? Ou un peu de Ryuichi Sakamoto sur Après le Déluge (avec un petit côté Dernier Empereur) ? Autre bizarrerie, Totem ressemble à une composition, un peu tordue, , de Lalo Schiffrin jouée par des instruments classiques. Ces deux dernières références peuvent nous laisser imaginer (espérer ?) quelle sera la suite de la carrière de Fabrice Ravel-Chapuis. Ou en tout cas, lui donner des idées de reconversion ou de prolongement de son art : le cinéma ! Et d’ailleurs, on n’est presque étonné que cela ne soit pas encore le cas). Alexandre Desplat, ton hégémonie est comptée !
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 23 Septembre 2013
Label / Distributeur : Pas la Peine / Volvox musique / , Rue Stendhal
A noter : dans sa version CD, le premier album En Danger est offert en bonus
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