Personnellement, je n’avais été qu’à moitié convaincu par A Dream for Two, premier album de François Maurin. Le Rouennais y témoignait d’un talent d’arrangeur certain, d’un bon transcripteur en musique de chambre de classiques pop/ rock (en l’occurrence, Killing an arab, Heart of Glass, et, always the sun), mais il y avait quand même de quoi être plus dubitatif sur ses propres compositions et trouver la démarche un brin opportuniste (les covers version classique, c’est quand même une des tartes à la crème du moment…).
Sur ce, après avoir composé pour d’autres (Daho, Delpech, Hardy), F.M. revient avec un nouveau projet, sur le papier alléchant. Jugez plutôt : bâti autour de tout type d’orgue (de barbarie, d’église, de foire), le bien -nommé The Organ King voit François Maurin et son contrebassiste s’attacher les services d’un orchestre d’automate. Nos ancêtres n’étaient pas avares de fantaisie quand il s’agissait de concevoir des instruments bizarres pouvant jouer tout seul. F.M. les sort du placard (l’orgue de barbarie, le pianola, le bastringue, une armée de percussions) ou les améliore, aidé par des roboticiens (une batterie mécanique). Cela donne un spectacle vivant et son émanation discographique, celle qui nous intéresse ici. Sur le papier, on imagine un album plein de fantaisie, de folie, de féerie même ou de , terreur dans une ambiance Freaks…et finalement, on obtient un album de pop orchestrale, classique et bien sage.
Les arrangements sont plus étoffés que sur l’album précédent, F.M. passant allègrement d’un seul quatuor à cordes plus guitare à un orchestre plus nettement plus riche et chamarré. Mais, si le Normand s’est transformé en Q de la musique, il reste un indécrottable Beatles-ien. Il est un fervent supporter d’une écriture précise et mélodique mais ce côté bon élève bride un peu toute velléité de fantaisie outrancière. L’orchestre est pour le moins bariolé, les orgues sont, dans leur diversité, au centre de la composition. Il n’empêche, tout ceci est presque transparent et on tombe sur un disque de pop, bien sous tout rapport mais un peu sage (open the doors, The Holidays on my suit, his mother son). Le traitement choisi, pousse certaines mélodies dans un univers de fête foraine mais ceux-ci, gentillets et gais, fleurent plus la barbe à papa que la femme à barbe (Those are the things, I don’t care). On reste en surface, dans le décorum, et pas dans une profondeur plus troublante. La folie est maîtrisée en permanence, le charme raisonnable (Highroad, peut-être le meilleur titre disque) ; on est loin de ce que font Misophone ou Pascal Comelade par exemple, sans automates.
Alléché par le principe énoncé (finalement, mieux vaut ne rien savoir sur le pourquoi du comment du disque), l’auditeur risque de rester un peu sur sa faim, passant les 33′ réglementaires de F.M. (la même durée que pour le précédent album) avec un plaisir poli, et attendant peut-être le concert pour s’en prendre plein les mirettes avec ces fameux automates.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 14 octobre 2013
Label / Distributeur : Adone / L’Autre Distribution
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