On a coutume de penser qu’ils existent deux types de Japonais : ceux régient par une une rigueur de fer ; ceux habités d’une folie plus ou moins douce. Babi est un bel exemple de ce que cette seconde catégorie peut apporter à la musique.
La jeune femme peut incarner la blague célèbre de Coluche : »cinq années de Droit et le reste tordu ». Babi a été mise devant un piano à l’âge de deux ans. On a commencé à lui faire étudier la composition à cinq ans pour un apprentissage quasi professionnel de six années. Un cas susceptible d’intéresser la DDASS mais dont la Japonaise se sort, sans dommage, en devenant une artiste – et on pourrait même dire un être – totalement libre. Babi maîtrise totalement l’art de la composition classique, le jeu du piano mais aussi l’arrangement pour cordes. Babi, la sage, existe encore et apparait dans un morceau comme Präparat, dont la gaité primesautière ne saurait cacher la précision d’une jolie composition orchestrale néo-classique. Sur Atelier, elle touche à la beauté d’une, kate Bush, elle-même, marquée par, une pièce pour piano de Francis Poulenc., L’humeur est maussade mais le sentiment éclatant. Le reste du disque, est nettement, plus turbulent, malicieux, doux-dingue.
, Chez elle, l’accent est mis sur la fantaisie. La voix kawai de Babi – chantant dans sa langue maternelle – joue sur ce ressenti mais pas seulement., A la musique de chambre bon teint, elle rajoute des instruments nettement plus populaires, des accordéons, des percussions de fanfare, un orgue de barbarie : le bien comme il faut boudoir, va s’encanailler dans une, foire boueuse du début du siècle (le XXe en l’occurrence). Ailleurs, reprenant à son compte la répétitivité d’un Philip Glass, les instruments à vent ne, semblent n’en faire qu’à leur tête,, s’émancipant, dans une gaieté désordonnée, (lesson). Le piano n’est pas en reste, sautillant comme on joue à la marelle (Passiflora). Babi n’a guère besoin d’électronique pour amener cette liberté de ton, ce côté »mémoires d’une fille dérangée » déjà connu chez Midori Hirano ou Konki Duet. Elle allie néanmoins bip électroniques et clarinettes dans un insect collecting tout aussi réussi, joli exemple d’electronica pop organique., , , , L’album se termine sur Owl où la fantaisie de jeu devient plus subtil : tous les aspects déviants de l’album sont mis en sourdine – tout en restant présents – permettant juste de rendre plus original, et plus touchant la mélancolie classique de la mélodie. , Botanical est une drôle de plante qui ne manque ni de piquant, ni de couleurs, ni de, beauté. Sous le charme.
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Denis Zorgniotti
Date de sortie : 13 septembre 2013
Label : Uffufucucu / Noble label
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