Entre polar et chronique sociale, Wilfrid Lupano (« Le Singe de Hartlepool ») et Rodguen (employé des studios Dreamworks) réussissent avec Ma révérence un polar social passionnant mais surtout une bande dessinée d’une qualité incroyable.
Vincent, trente ans, pas de travail mais des rêves et des idées et plein la tête, à commencer par celle qui devrait lui permettre d’ici peu de temps de vivre une nouvelle vie, de retrouver son amour Rana en Afrique et de quitter définitivement son univers sans horizon. Cette idée assez simple consiste à braquer un fourgon. Mais attention pas n’importe comment car Vincent a des principes, il se voit avant tout comme un »Robin des bois » il veut faire un braqua social, non-violent et altruiste, un braquage où chacun toucherait sa part du gâteau »même le convoyeur ! Mais l’affaire est loin d’être gagnée d’autant que Vincent a eu la mauvaise idée de s’associer avec Gaby Rocket, un type pas fiable pour deux sous, imprévisible alcoolique et bagarreur. Bref, c’est la loose totale. Mais Vincent semble pourtant bien déterminé.
N.’y allons pas par quatre chemins, cette bande dessinée est un vrai régal ! Avec son scénario en béton et ses dialogues de premier choix, le récit installe tout de suite une forme de connivence, entre le lecteur et le narrateur, avec un humour et un décalage permanent tout à fait délicieux comme dans les bons vieux polars de série noire. Mais au-delà de ce procédé narratif, c’est la richesse des dialogues qui frappe avant tout ici, mais aussi le soin mis dans la caractérisation des personnages. Deux qualités, qui donnent au récit et une profondeur et une complexité très appréciable.
Construit avec des flashbacks très astucieux et dévoilant une réflexion intérieur très poussée du personnage principal, montrant ses failles, ses doutes, Ma révérence renvoie aussi à un certains cinéma américain, celui des premiers films de Tarantino ou des frères Coen ou aux polars en noir et blanc des années 50/60.
D.’une subtilité et d’une intelligence rare, Ma révérence présente un récit surprenant de bout en bout, qui dit plein de choses sans en avoir l’air. Une lecture délicieuse que l’on déguste case par case en prenant son temps, histoire de profiter pleinement de la qualité d’écriture de Lupano mais aussi du dessin extrêmement dynamique de Rodguen. Un duo bien assorti pour ce qui constitue sans aucun doute une des plus belles BD de 2013.
Benoit RICHARD
Ma Révérence
Scénario : Wilfrid Lupano
dessin: Rodguen
Editeru : Delcourt
128 pages couleurs – 17.95€¬
Parution : septembre 2013