Chroniques Express 107

MIRACLE / J.MERIK / LIESA VAN DER AA / CONNECT_ICUT / DTWICE / KRAAK & SMAAK / CHED HELIAS  / CLARA MOTO / WE ARE ENFANT TERRIBLE / SAROOS / MOINHO / SCNTST / MONTEVIDEO / TARA KING TH / RAMONA CORDOVA

Miracle_MercuryMiracle – Mercury

C’est vrai qu’au départ Mercury, semble en fait composer d’ inédits de Depeche Mode, laissés de côté à  l’époque de Music for the Masses. Ce qui n’est pas un mal en soi, : Good, Love est un bon exemple de synthé pop mélancolique, , porteuse d’une jolie, une émotion., Tout l’album va garder cette douceur vocale et cette amertume diffuse, ; même quand le tempo va s’accélérer (Something is wrong),, ou quand le son va se densifier (Automatic and visible, Nerverending arc, Mercury). Miracle alias, Daniel O’ Sullivan, arrive à  ces moments à  rendre plus moderne sa musique par, des paysages plus profondément électroniques. Ceux-ci donnent une richesse accrue à  ses mélodies, quitte à  les rendre un peu moins pop (Breathless). On préfère finalement cette voie choisie par le musicien – même celle de devenir totalement cosmique et instrumental (le long Organon),  à  la tentation – inverse – celle de devenir encore plus grand public : Falling into the night et son côté un peu variété est le seul vrai bémol dans un vrai bon album. (3.5) Denis Zorgniotti
Planet Mu – Octobre 2013

jmerikJ.Merik – Far away, to meet me

C’est loin l’Ardèche et c’est peut-être pour cela que le nom de J.Merik est resté pour l’instant aussi confidentiel. Pourtant, à  l’instar de David Fakenahm à  Orléans (et souvent encensé à  Benzinemag), le songwriter a tranquillement dans son coin, constitué une véritable discographie. Far away to meet me, le bien nommé, est déjà  son troisième album. Et cela se ressent, la maturité est là , , mais pas seulement. Entre americana et indie rock, la musique de J.Merik dépasse largement le niveau »bon élève » celui qui ferait seulement de ses propres compositions des titres écrits »à  la manière de.. » Oubliées dès lors les filiations possibles d’un Neil Young, ou d’un Damien Jurado, on se focalise sur J.Merik en soi ; sur des riffs appuyés de guitares électriques, associés à  des finesses de jeu , se traduisant notamment par des soli tout en feeling (Echoes). Sur ses sons à  l’électricité dégoulinante à  la limite du larsen et du grunge aboutissant à  une émotion riche d’ambivalence (à  la fois conquérante et meurtri sur Into the dark). , L’homme sait aussi manier le Rhodes apportant de beaux tremolos à ,  la ballade When You have no one. Ajouté à  des cordes, cela donne même un bouleversant Sunday Night Mood. , C’est loin l’Ardèche, Portland encore plus, mais J.Merik nous y conduit aisément par la qualité de sa musique. (4.0) Denis Zorgniotti
Autoproduction – Octobre 2013 Bandcamp

Where-What-s-HappeningLiesa Van Der Aa – Where what’s happening (EP)

Cet Ep a pour sous-titre Covert project, ce qui nous met naturellement au parfum quant aux intentions de cette jeune violoniste belge : celle de célébrer, par la reprise, certains de mentors musicaux, PJ Harvey, Lou Reed ou Iggy Pop. Liesa Van Der Aa reste fidèle à  Troops, son premier album : sa voix, son violon, des effets électroniques et rien d’autre. Sa présence pourrait se situer entre Siouxsie Sioux et John Cale. Une rugosité de ton et une présence chaotique qui sied parfaitement à  Rid of Me. Entre les mains de la jeune femme, Night clubbing se travestit en tube de dancefloor décharné et grinçant mais tout aussi obsédant que l’original. Quant à  Vanishing Act, épuré, il,  devient le spectre insaisissable de lui-même. De manière étonnante, l »EP se termin sur une reprise de Paroles Parole de Dalida, pour une tentative de rendre fréquentable un titre qui ne l’était pas à  la base. Liesa Van Der Aa cherche une voie personnelle entre douceur retrouvée et froideur extrême. Pour la peine, on est moins convaincu qu’avec Iggy Pop ou PJ Harvey…Peut-être que Dalida, c’était trop me demander. (3.0) Denis Zorgniotti
Volvox Music – Novembre 2013

con3Connect_icut – Crows & Kittiwakes Wheel & Come Again

Et si on se faisait une pause ambient ? Paradoxalement, le Canadien Connect_icut a déjà  reçu les éloges du Thurston Moore et du magazine The Wire, plus connus pour leurs amours guitaristiques que pour leur intérêt pour les paysages électroniques diaphanes. A l’écoute de son quatrième album, on les comprend. Car si Connect_icut utilise beaucoup la technique du Glitch dans sa musique (comme chez Oval ou Pole, utilisant les dysfonctionnements de son système électronique à  des fins esthétiques), il couple ses sonorités de rupture avec des nappes nettement plus apaisées et surtout des ajouts de guitares réverbérées. Tout ceci – les aspects mélodiques et le traitement sonore pur – reste impressionniste, le travail du Canadien se rapprochant de celui d’un pointilliste pastel intervenant sur des à  plat monochromes. Le résultat, souvent fluide et mouvant, se rapproche des moments les plus ambient d’un Slowdive (Imperial Alabaster, Carrion Pecking) ou d’un My Bloody Valentine passé à  l’état liquide (Practice Rot). Connect_icut prend son temps pour installer sa musique, pour créer des climats, mais qui, sur la longueur,,  se révèlent néanmoins prenants ;  qu’ils soient magiques ou inquiétants. (3.5) Denis Zorgniotti
Aagoo Records / Rev Laboratories – Décembre 2013

dtwice-night-shieldDtwice – Night Shield (EP)

En vacances de Smooth, David Darricarrère avait crée Dtwice en 2006. Il aura donc fallu attendre sept ans pour que sorte enfin ce premier EP, le temps nécessaire pour,  choisir une direction,,  former un vrai groupe (avec un autre Smooth, un French Cowboy notamment) et peaufiner des morceaux. La qualité est donc là  et dans un monde parfait Devil’s Tune devrait tourner en boucle sur toutes les radios FM dignes de ce nom: le morceau a ce pop’n groove tranquille et non moins irrésistible qui fait les tubes de qualité mélodique supérieure. Dwtice affirme avec son EP un intérêt pour LCD Sound System, Gorillaz et même Moby sur Bright Light, qui reprend le même genre de sample ethnique usé et abusé par le chauve New Yorkais sur Play : le morceau est d’ailleurs le plus émotionnellement racoleur du disque, on lui préfèrera le reste. Et si Fairy’s blow pourrait être le remix justement de Moby du classique coldwave A Forest de Cure (les thèmes musicaux sont proches), le résultat est finalement original,  et ressemble à  la rencontre improbable de la new wave et d’une électro new age. Mais l’autre réussite du disque est le morceau qui donne son nom l’EP, une balade électro new wave où deux voix (fille et garçon) s’accordent parfaitement pour traduire une mélancolie qui devient finalement épique. Deux remixes en plus (un de Pégase de Minitel Rose et un autre de 20syl de C2C) et le tour est joué ! L’album, prévu en 2014, devrait confirmer cette jolie impression. (3.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction – Octobre 2013

kraak-smaak-chrome-wavesKraak & Smaak – Chromes waves

Remixeur pour,  Moby, Jamiroquai ou de Darwin Deez, la paire de producteurs Kraak & Smaak commence à  faire parler d’elle. Les Néerlandais le font surtout – et de plus en plus – par leur propre musique et à  ce titre, leur troisième album, Chrome Waves, devrait rallier à  leur cause encore plus d’auditeur. Dans le genre musique de club, l’album a de quoi séduire. C’est du bel ouvrage avec une palette est finalement large : entre breakbeat, house et nu-disco,, Kraak & Smaak distille généreusement paillettes et groove, invitant de nombreux chanteurs , à  venir poser des vocaux soul sur ces courbes musicales. Pourtant, c’est bien un morceau d’une sensibilité un peu différente qui fait vraiment mouche : Plus proche de l’esprit Morr Music, avec sa basse à  la New Order et la voix diaphane de Jenna Schra, Love Attitude vient mettre une dose de douceur amère dans une musique dansante. Dans un emballement justifié, on en serait presque à  se dire qu’on tient là  un des morceaux de l’année. (3.5) Denis Zorgniotti
Jalapeno records – Octobre 2013

ched-helias-technicolorChed Helias – Technicolor Eyes EP

Je découvre avec retard la musique de Ched Helias, présence vocale à  l’aura naturelle et songwriting au piano quatre étoiles. Avec son, Technicolor Eyes EP, il franchit une nouvelle étape, construisant autour de lui, un vrai groupe., La musique du breton s’inscrit désormais dans un cadre plus pop et prend une dimension nouvelle : Injuries of the past, issu du premier album et évoquant l’écriture d’un Red House Painters ou d’un Bed au piano, est ainsi ré-enregistré, étoffée, plus séducteur encore aussi. Les compositions brillent d’une sophistication d’écriture, ayant intégré , les apports d’un François de Roubaix,, par exemple, au profit d’un pop parfaitement ciselée, dans l’esprit des années 70 (le titre Technicolor Eyes est dans le genre un must). Il y a du Peter Von Poehl chez Ched Helias, cet air de ne pas y toucher et cette virtuosité toujours mise au service du morceau, avec composition et interprétation comme valeurs cardinales (I see you now). Grand disque, qui s’agrémente en plus de bons remixes, notamment de Nicolas Overhead Leroux, autre compagnon possible de sensibilité. (4.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction – Juillet 2013
Bandcamp

Clara Moto – Blue Distance

Il y a trois ans sortait le premier album de Clara Moto, Polyamour, dans lequel on découvrait un univers plein de sensibilité et de douceur, avec des musiques à  dominante techno/house, mais ponctuée de titres downtempo très moelleux. Avec Blue Distance, l’autrichienne reprend, à  peu de choses près, les choses là  où elles en étaient restées après Polyamour, avec toujours ce goût pour les sonorités froides, avec là  encore cette alternance de tempos, mais avec en plus des passages chantés par Clara sur quelques titres. Après un Joy Departed Ep, délicieux sorti durant l’été dernier, Clara Moto continue de régaler, passant allégrement de la techno au trip hop, flirtant même par moment avec le dubstep, l’électronica et même avec des choses plus abstraites, plus contemplatives en toute fin d’album. Et malgré toute cette diversité, elle parvient à  garder le fil d’une musique qui tend perpétuellement vers une forme de pureté, avec des sonorités cristallines et aériennes toujours aussi agréables. (4.0) Benoît Richard
Infiné – novembre 2013

We Are Enfant Terrible – Carry On

En 2011, les Lillois de We Are Enfant Terrible déboulaient avec Explicit Pictures, un premier album electro-pop aux sonorités 8bit comme un clin d’oeil au passé et aux jeux vidéo auxquels ils ont pu jouer durant leur enfance. Un album plein d’énergie mais un peu brouillon et auquel il manquait un petit quelque chose pour convaincre totalement. Avec ce deuxième album, le groupe semble avoir progressé, délivrant avec Carry On, une production bien plus personnelle et plus aboutie, tout en gardant les qualités qui faisant la force du précédent. Mieux produit, moins axé sur les sons 8bit, Carry On, se montre convaincant de bout en bout, avec un groupe parvenant à  faire ressortir de ce son, au départ assez brut, des mélodies fragile, des refrains et des rythmes entraînants (Nurse Run, Restless…) et une utilisation parfaite des synthés vintage dans les arrangements. Passage au second album réussi donc pour ce trio qui gagne vraiment à  être connu. (4.0) Benoît Richard
Pil records – septembre 2013


Saroos – Return

Issus des groupes Iso68, Contriva, Lali Puna, Console, The Notwist, les membres de Saroos ont formé ce projet annexe il y a quelques années, en marge de leur activité avec les groupes sus-cités. Aujourd’hui, ils remettent en route ce side-project pour un troisième album en tous points remarquable. Avec ce nouvel production, Florian Zimmer, Christoph Brandner et Max Punktezahl montre qu’ils n’ont rien perdu de leur savoir faire en matière de compostions quand il s’agit de musiques electronica aux influences dub, ambient, jazz, post-rock et trip hop. Avec ce nouvel album, le groupe allemand déroule ses longues plages pour la plupart instrumentales avec des ambiances à  la fois touffues et éthérées, et avec sur chaque titre une idée nouvelle. Et c’est sans doute pour cette raison que les premières écoutes peuvent paraitre déstabilisantes, car il ne se dégage pas vraiment d’unité sur Return, chaque titre semble autonome dans cet album. Malgré tout, la qualité est là  et le plaisir, s’il n’est pas immédiat, sera sans doute lui aussi au rendez-vous.(3.5) Benoît Richard
Alien transistor/la baleine – octobre 2013

Moinho – Baltika

Arbouse recordings a eu la bonne idée de ressortir Baltika, un album de piano signé Moinho. Paru en tout discrétion en 2012, cet album a droit à  une seconde vie sous l’égide de ce label basé à  Rodez auquel notamment on doit des albums signés Acetate Zero, Melodium ou Inlandsis. Pianiste Palois, Franck Marquehosse qui doit son pseudo à  un moulin au Portugal est apparu pour la première fois sur une compilation d’hommage à  Erik Satie (« Erik Satie et les nouveaux jeunes ») en compagnie de Max Richter et Nils Frahm, Sylvain Chauveau, ou encore Rachel Grimes. Influencé au départ par la musique indé mais aussi par des artistes tels que Nina Simone ou Moondog, c’est aujourd’hui plus du côté de gens comme Erik Satie, Arvo Pärt ou Philip Glass qu’il faut aller chercher ses influences pour cet album. Un album de musique contemporaine minimaliste assez sombre mais aussi baigné de romantisme qui évoquera Dustin O’Halloran, Nils Frahm, Max Richter et bien sûr Erik Satie. Une jolie réussite qui méritait bien une ressortie. (3.5) Benoît Richard
Arbouse recordings – novembre 2013 Bandcamp

SCNTST – Self Therapy

à‚gé de seulement 20 ans, SCNTST (de son vrai nom Bryan Muller) fait partie de cette nouvelle génération de producteurs electro/techno qui vont compter dans les années à  venir. Originaire de Münich, il se fait repérer après avoir envoyé quelques titres au producteur allemand Boys Noize qui ne tarde pas à  le signer sur son label. Autant influencé par le son de Paul Kalkbrenner que par celui des productions hip hop J Dilla ou Tyler the Creator, SCNTST montre déjà  une certaine maturité avec ce premier album de très belle tenue, présentant là  un ensemble bien équilibré entre titres techno qui cognent (heureusement en nombre limité) et des choses nettement plus souples plus proches de Four Tet ou de Gold Panda. Ajoutez à  cela deux petites incursions du côté du hip hop, et vous aurez là  un album plutôt concluant pour un garçon à  surveiller de très près dans les années à  venir. (3.5) Benoît Richard
Boysnoize Records/La Baleine – Novembre 2013

Montevideo – Personnal Space

La Belgique continue de produire régulièrement de très bons groupes. Après la découverte de l’excellent Balthazar en 2012 et du nouveau LP de Girls In Hawaii sorti en octobre 2013, voici Montevideo, un groupe pas nouveau, mais presque., Le premier album paru en 2007 mettait en lumière une certaine affiné pour le son de The Rapture ou Kaiser Chiefs. 6 ans plus tard, ces 4 Belges repartant presque de zéro et changent sensiblement de style avec Personal Space. l’album produit (de main de maître) par Joakim dans le studio Tigersuhi est une vraie réussite, et fait passer le groupe dans une dimension supérieure. Car tout a changé ou presque chez Montevideo. A commencer par le chant, plus maitrisé qu’avant, mais aussi par la production et les arrangements à  travers lesquels son reconnaît bien la patte de Joakim, cette même patte qui a donné cette tonalité 80.’s si particulière et si originale à  la musique de Poni Hoax il y a quelques années »Poni Hoax , un groupe que Montevideo apprécie beaucoup. La boucle est bouclée. (3.5) Benoît Richard
Parlophone Belgium – novembre 2013

Tara King Th – Hirondelle et Beretta

On se souvent il y a quelque semaines de la B.O. aussi étrange que fameuse signée Broadcast pour le film hommage au cinéma d’horreur italien des années 60/70 : Berberian Sound Studio. Aujourd’hui c’est au tour du groupe français Tara King Th. de nous offrir une petite B.O. de derrière les fagots qui a la particularité d’avoir été écrite pour un film imaginaire, un polar qui raconterait les aventures d’Hirondelle et Beretta, deux agents secrets amants,… bref, le genre que vous n’êtes pas prêt d’aller voir au cinéma. Mais peu importe, car on y croit à  cette B.O. écrite sans doute sous l’influence de Francis Lai , De Roubaix, John Barry ou Michel Colombier« Bref, une B.O. qui fleure bon le cinéma des années 70, celui de Lautner et Verneuil, les films de Gabin et Delon, le bon vieux temps, tout ça quoi »(4.5) Benoît Richard
Petrol Chips – Septembre 2013

Ramona Cordova – Quinn to New Relationships

La découverte de la musique de Ramona Cordova en 2006 avec l’album The Boy Who Floated Freely constitua une révélation doublée d’une belle surprise, celle de voir arriver dans le vaste monde de la pop un musicien venu de nulle part et surtout pas comme les autres, une sorte de saltimbanque à  guitare à  la voix haut-perchée, traînant derrière lui tout un univers digne d’un film de Tim Burton. Un univers fait à  la fois intime et merveilleux, ouvert sur le vaste monde, qui dégageait une forme de liberté, de naîveté et d’optimisme mêlés pour un album roboratif et chatoyant. Sept ans après et des fragments de vies passés du côté de Portland, en Alaska ou à  la Nouvelle-Orléans, ce natif de l’Arizona est de retour, toujours accompagné de sa fidèle guitare pour nous offrir 12 titres aussi simples que magnifiques que par le passé, écrits pour la plupart entre 2006 et 2008, et desquels ressortent une fois encore beaucoup de douceur, de poésie et de fragilité. Arrangées très simplement autour des cordes, du piano ou d’un clavecin, les folk-songs de ce garçon continuent d’être un véritable ravissement pour l’oreille et pour l’âme. , (3.5) Benoît Richard
Clapping Music / Murailles music – Octobre 2013