Bilan du festival des Inrocks 2013 sur le sol toulousain avec les excellentes découvertes de Valérie June et Jacco Gardner… Impressions suggestives.
Je débarque au Bikini en ce froid mardi de novembre un peu en retard., Trop en tout cas pour apprécier ou rendre compte du set des, Lucius appelés, à ouvrir le bal de cette soirée du festival des Inrocks. Deux titres un peu tordus, voix haut perchée sur instruments pop baroques, ça ne m’accroche que peu. Déjà le départ du marathon clopes-bière pour pouvoir savourer dès la première minute les zygotos de, Jacco Gardner., Et quel régal ! La musique du Néerlandais est une drogue douce : au début elle paraît inoffensive, gentillette puis s’immisce, s’infiltre et finalement vous happe et ne vous lâche plus, arrivant même à vous faire décoller à des hauteurs de plaisir insoupçonnées. Armés d’instruments piqués à tous les groupes sixties psyché à fumette que l’on connaît (orgue, mellotron, harpe, percus inconnues), le bricoleur doux-dingue a surtout pensé à l’essentiel dans sa recherche sonore empruntée aux, Floyd, ou aux groupes obscurs qu’on peut trouver dans les compilations, Nuggets faire des chansons. Des foutues bonnes chansons même, aux mélodies imparables qui vous donnent l’impression d’avoir toujours fredonné ça, comme une évidence un peu barrée, un peu stone »Du coup, ce sont aussi des petits frères de Phoenix qu’on jugerait cocaînés, qui réussissent un set impeccable, trop court malheureusement.
Du coup, les Half Moon Run, qui succèdent ont du mal à me séduire avec leur rock lyrique un peu désuet, sombre et trop référencé, compassé. Ce qui ne semble pas être l’avis des jeunes filles un peu hystériques qui s’excitent autour de moi dès que le chanteur aux poses classiques du rockeur écorché vif daigne un regard vers son public. Malgré une fin plutôt gaillarde avec apparemment leur single-tube, un live »oubliable ».
Pour clore la soirée, quand les demoiselles quittent la fosse (école demain probablement), la magnifique Valérie June coiffée de dreads classes – comprenez propres – et jupe sexy, débarque sur la scène avec sa troupe qui fleure bon l’Amérique terroir. Et pour cause : début de set très bluesy-rock où sa voix très nasillarde se mêle aux instruments léchés et brillants du groupe. Mais très vite, la voix se chauffe, s’épaissit, devient rocailleuse, et Miss June s’acoquine avec son public. Sa musique vire vers la country, la soul presque mêlée à des negro-spirituals qui auraient décidé de s’encanailler. Le résultat prend aux tripes, cette voix magnifique qu’on jugerait tout droit sortie de la bande originale du film « O.’brother, » et qui se prend,le temps de rêver, à être une June Carter aux côtés de Johnny Cash., C.’est de la musique des tripes, de l’âme, du bayou et de la vase américaine pur jus qui se dégage de ce concert original, décalé et, pour le coup, vraiment rock, vraiment puissant. Une véritable découverte, cette petite Amy Winehouse métissée du Tennessee »
Une belle soirée riche en surprises et nouvelles têtes à suivre, merci les Inrocks
Jean-François Lahorgue