J.’ai mis longtemps à me laisser séduire par le Pendentif bordelais. Mais en fait qu’avais-je réellement à reprocher au quintet, si ce n’est un peu trop de buzz parisien en 2013 et la malchance auditive de tomber dans le calendrier des sorties » après la bataille » du renouveau de la pop made in France entamé en fin 2012 par Aline, perpétué au long de l’année par Lescop, Granville, La Femme ?
Un hasard des sorties, et un peu de délais dans le planning bien huilé de cette année 2013, où il est finalement advenu qu’un des groupes qui revenait souvent dans le bruissement de la hype hexagonale est finalement devenu un des derniers du peloton à passer au format album.
La mafia douce autour de la chanteuse Cindy Callède fait, vous l’aurez compris feu du bois eighties qui a revivifié cette année l’indie pop à la française (oui je sais cette phrase jongle avec la chronologie). Il y a les sons séquencés au synthétiseur, la guitare » flangée » les » delays » bon comme dans le temps dis, et une voix féminine un peu enfantine comme le machisme à la Française aime à se le laisser conter aux oreilles. Voilà pour les canons de la pop en France en 2013.
Mais il y a des choses que j’apprécie particulièrement dans l’association Cindy Callède, Benoît Lambin, Ariel Tintar, Johnatan Lamarque, Mathieu Vincent. Des éléments purement musicaux en fait, qui se livrent au long de plusieurs écoutes. Parce que oui plusieurs écoutes sont nécessaires à apprécier le travail sous la légèreté apparente, qui est le résultat d’un dur labeur de mise en son.
La pop enjouée de Pendentif est le fruit d’un gros travail de production (Antoine Gaillet). Les morceaux aux mélodies évidentes, sont réellement magnifiées par le travail de mise en son et de mixage. La basse de Mathieu Vincent par exemple me scotche du début à la fin du disque. Elle roule, groove presque, et a une présence qui se dispute avec la personnalité pleine de rouerie de Cindy Callède, la plus haute marche de mon podium d’écoute de l’album. Ce disque est beau, bien fait, et les paroles sous des dehors un peu simples ou neuneus pops, sont plus profond qu’il n’y parait.
Ce qui m’amène au second point de plaisir personnel lié à l’écoute du tardif mafia douce. Se réjouir de trouver, dans ce qu’il convient d’appeler une » vague » française de réhabilitation des années 80 hexagonales un groupe qui se soit donné la peine de voler au Niagara de Muriel Moreno, au Lio de suite sixtine et aux basiques pop d’Elli & Jacno les pierres d’achoppement d’une pop 2014 en français un peu plus ensoleillée que d’accoutumée dans les récupérateurs de génie éclos l’an dernier. Et de trouver que malgré la nunucherie de façade (oui j’assume, c’est ce que je me suis dit après une première écoute de l’album) une profondeur qui doit autant à la qualité du son, qu’aux mélodies ; et autant la force de la personnalité féminine de Callède qu’aux textes moins niais qu’il n’y parait de prime abord.
La France a peut-être trouvé son Saint Etienne, et je serais curieux de savoir ce qu’Etienne Daho penserait en écoutant l’album.
Denis Verloes
Date de sortie: septembre 2013
Label: Discograph
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