Au soir d’une longue vie d’éleveur de moutons, un vieux paysan islandais écrit une lettre à celle qui fut son vrai et unique amour même s’il dut un jour lui dire non. Il lui raconte sa vie avant elle, sa vie avec elle, sa vie après elle, son indéfectible amour pour elle, et toute la douleur qu’il a supportée de ne pas pouvoir vivre avec elle comme il l’aurait voulu. Marié avec une femme qui ne pouvait pas lui donner l’enfant qu’il désirait tant et qui ne pouvait pas satisfaire ses désir suite à une malheureuse intervention chirurgicale, il n’a pas pu résister longtemps aux avances de la belle Helga et l’inévitable arriva bientôt sous la forme d’une adorable fillette. Helga voulait divorcer, lui ne voulait pas la suivre à la ville où il pensait ne pas pouvoir vivre heureux, il préférait la nature hostile et souvent ingrate du nord-est de l’Islande où sa famille avait toujours vécu dans la même ferme.
» La terre où l’on a vu le jour
N.’est-elle pas chère à notre coeur ?
Où la lumière est pleine de vie,
Où le petit devient grand. «
Encore une histoire d’amour impossible comme la littérature nous en livre régulièrement, cette fois le héros ne peut pas épouser sa belle qui est déjà mariée et refuse qu’elle divorce pour l’arracher à sa terre, à son milieu, à son histoire. Une belle évocation de l’Islande la plus austère, là où le climat est très rude, la mer très souvent hostile et la terre peu généreuse mais elle est la terre du héros, il l’aime autant qu’il aime la belle Helga. Dans ce texte empreint de l’esprit des sagas islandaises, les esprits, les êtres et les animaux vivent dans une très grande proximité et les rapports entre les humains ne sont pas très éloignés de ceux qu’ils ont avec les animaux. Mais sous ces apparences rustres, les sentiments entre les amoureux n’en sont pas moins tendres et affectueux comme dans toutes les belles histoires d’amour. Et les belles histoires d’amour sont toujours contrariées.
» l’amour le plus ardent
Est l’amour impossible.
Mieux vaut donc n’aimer personne. «
Si le narrateur, l’amoureux, l’auteur de la lettre, évoque avec tant de conviction la nostalgie du temps passé, les traditions, les méthodes agricoles des ancêtres, ce n’est pas pour rester figé dans le temps des sagas mais tout simplement pour dénoncer avec véhémence le manque de respect actuel pour la nature, la malnutrition, la recherche du profit pour le profit, la puérilité qui s’installe au détriment de l’authenticité… Un cri de rassemblement pour réunir tout ceux qui croient encore en l’avenir de la planète, en Islande comme ailleurs. Même si son amour a été déçu, le vieil éleveur pense avoir eu une belle et honnête vie et nous laisse ce message d’espoir avant de rejoindre le pays de ses ancêtres.
Dens Billamboz
La lettre à Helga
Roman de Bergsveinn Birgisson
Catherine Eyjólfsson (Traduction)
131 pages – 16,50€¬
Editeur : Zulma
Parution : 2 août 2013