Rien de mieux que de tomber en arrêt devant une chanson et un groupe qu’on ne connaît pas. Et ce, sans la moindre culpabilité d’avoir ignoré l’existence du dit groupe alors qu’il est en activité depuis dix ans. Dans ces moments, seule compte la joie du petit coup de foudre que vous éprouvez.
« And the girls are winning, boys are losing fight in Japan » chante de façon sibylline le refrain de la chanson, doux véhicule électro pop aux reflets synthpop et de saxo chatoyants échappés de la galaxie 80.’s bercé d’une voix soyeuse à la Michael Franks (années 80, encore). Une sorte de croisement improbable mais parfait entre The Human League, Prefab Sprout et la langueur mélancolique de The Postal Service. Une fois touché par cette délicate pièce d’orfèvrerie, c’est le coeur déjà conquis qu’on se penche sur les neuf autres titres qui composent Brand New Love, quatrième album de The Go Find.
« Un tout nouvel amour », titre on ne peut mieux choisi pour résumer votre situation à l’égard de la musique proposée par cette formation belge drivée par le multi-instrumentaliste Dieter Sermeus. Brand New Love, bâti autour de la thématique amoureuse, semble l’aboutissement du goût de cet artisan doué adepte d’une indie pop intimiste pour la pop des eighties, les nappes synthétiques rêveuses et les beats entêtants des boîtes à rythmes conçus comme le décorum parfait pour les états d’âmes amoureux et le spleen adolescent.
Petite bulle fragile entre nostalgie et modernité, entre ivresse des night-clubs fanés (The Lobby) et sensibilité indie pop (We Run, We Promised Together), cet attachant recueil délivré par nos belgicains pourrait bien, mine de rien, être l’album indie-électro-pop-néo-eighties parfait. Celui que rêve d’atteindre depuis quelques années tout un courant de l’indie music, du nostalgique Johnny Jewel des Chromatics aux petits princes chillwave (Washed Out, Kisses) ou, l’outsider Dan Bejar avec son Destroyer. Une discrète formation belge qui trouve l’élixir pop après lequel courent nombres, d’anglo-saxons, en voilà une bonne nouvelle.
Écoutez la perfection de Your Heart, mariage nocturne des Cars et de The Postal Service. Ondulez lentement sur le dance-floor triste de The Lobby. Succombez à la fragilité et la beauté des amitiés-amours adolescentes de Summer Boys. Retrouvez l’insouciance de la pop originelle sur les arpèges de guitares dignes des Pastels de The Message. Laissez-vous bercer par le spleen nocturne d’une River qui sonne comme un lent adieu amoureux. Et partez une fois de plus autour du monde à la poursuite des filles et des garçons en rivalité amoureuse sur cet obsédant Japan.
Pour finir, ne prêtez pas l’oreille aux éventuels fâcheux (il y en aura) qui vous répliqueraient que la pop de The Go Find ne fait rien que recycler des recettes inventées par d’autres. En musique comme ailleurs, seules importent au bout du compte l’ivresse et la fascination et ce beau Brand New Love vous en offrira plus que votre comptant.
Franck Rousselot
The Go Find. Brand New Love
Label : Morr Music
Paru le 7 février 2014
The Go Find
Morr Music
Effectivement un très bon disque d’un groupe qui a toujours su se montrer aussi discret que talentueux.
Mais le genre vit une grosse concurrence en ce debut d’année avec les sorties simultanées de « Present tense » des Wild Beasts et surtout du formidable « Dreams » de Whomadewho.
Merci pour ce commentaire chaleureux, et pour avoir attiré mon attention sur le Whomadewho.
Et on peut aimer les trois disques, en même temps ;)
D’ailleurs j’aime les trois disques et j’attends avec impatience de voir whomadewho en live à Bordeaux la 16 avril prochain.
Plus j’écoute le wild beasts, plus je le trouve superbe. Je suis un fan des Go Find de la première heure mais je dois avouer que les deux w m’ont un peu fait oublié « brand new love » ;-)