Autant dire qu’on attendait ce quatrième disque des anglais avec une impatience mêlée d’appréhension. Mais, dès l’introductif et enfiévré Wanderlust aux paroles qui sonnent comme la carte de visite du groupe : « Wanderlust : With us the world feels voluptuous« on est rassuré, ce Present Tense n’a en rien altéré la douce sauvagerie des Wild Beasts. Mieux, en trempant l’électro pop subtile et atmosphérique de leur album précédent Smother dans un bain synthpop eighties d’approche plus directe, le quatuor britannique ne fait que renforcer la brillance de leur musique lyrique et vibrante.
Si Smother était un album-cocon résonnant de notes de piano introspectives, Present Tense affiche une flamboyance néo-synthétique slalomant entre passé et présent. Derrière le glacis des claviers et synthés martiaux empruntés à Human League, Japan ou Erasure et inscrite dans des formats plus immédiats, leur pop ultrasensible hisse haut son incurable spleen romantique, dont le falsetto haut perché, entre Antony Hegarty et Jimmy Somerville, de son chanteur principal Hayden Thorpe reste l’évident étendard.
Dans le décor sonore autant rétro que post-moderne élaboré avec minutie par leurs producteurs Lexxx et Leo Abrahams, la pop lyrique des Wild Beasts se fait plus enveloppante et cosmique que jamais, le timbre dramatique précieux de Thorpe se mêlant sur certains titres (Sweet Spot, Daughters) en une belle harmonie à celui de son complice Tom Fleming, plus rauque et incarné, ce dernier étant même leader sur de nombreux morceaux, souvent plus émouvants.
l’excellence des compositions, alternant entre pop songs quasi légères (A Simple Beautiful Truth, Sweet Spot) et plages tournant en morceaux de bravoure électro digitaux (les emballants A Dog.’s Life ou Daughters de Fleming), se révèle évidente. Ainsi que celle de la production, rutilante mais d’une précision diabolique, qui s’avère un écrin de choix pour la, musique très humaine du quatuor.
Toujours décorés d’arpèges de guitares chagrines et nourris de mélancolie consolatrice, nos bêtes sauvages affichent avec une vigueur inédite leurs doutes, leur espoirs et leurs regrets (superbe New Life). Et tirent par là -même avec élégance un beau coup de chapeau à une poignée de leurs héros musicaux qui sont aussi les nôtres (les séminaux Associates, The Blue Nile, Kate Bush et même ici ou là, l’ombre d’un certain Mark Hollis).
Un album assez intense qui porte bien son nom et qui devrait contribuer à élargir encore plus le public de ce groupe qui se démarque, avec éclat de tous les Hot Chip du monde en traçant avec rigueur sa propre route sans se renier. Un conseil d’ami : ne vous méfiez pas de ces fauves-là , et venez partager sans crainte la belle chaleur de ces bêtes (pas si) sauvages, nos semblables, nos frères.
Franck Rousselot
Wild Beasts. Present Tense
Label : Domino Records
Paru le lundi 24 février 2014
site Wild Beasts
site Domino Records
Totalement obsédé par cet album concis et fiévreux, fragile et puissant à la fois. Malgré les références avancées (new-wave gothique des 80’s), une musique bien de notre époque, inquiète et exaltée. Chaque morceau est ciselé, évitant l’emphase et le trop plein. Les deux voix sont bouleversantes de justesse. Une grosse claque.