Le 19ème tome du célèbre comics post-apocalyptique, qui voit la Terre envahie par les morts-vivants, nous permet de retrouver Rick Grimes et la petite communauté de survivants, aux prises avec le redoutable Negan. Celui-ci prétend assurer leur protection en échange d’une grande partie de leurs vivres tout en imposant sa loi. Mais Rick est bien décidé à en finir. C.’est ainsi qu’il va concevoir un plan pour donner l’assaut du refuge du Negan et lui faire la peau. Pour cela, il est parvenu à tisser des alliances, mais la victoire est loin d’être garantie. La guerre qui se profile promet d’être impitoyable »
Cet épisode devrait donner encore beaucoup de sueurs froides aux fans de WD, et ce grâce au talent du scénariste Robert Kirkman, qui, même après 18 tomes, sait parfaitement ménager ses effets et joue constamment sur l’effet de surprise, appuyé en cela par le trait nerveux et acéré de Charlie Adlard. Cela explique probablement le succès de la série qui ne faiblit pas, bien au contraire, avec une vente record l’été dernier qui la plaçait devant Titeuf et Blake et Mortimer. Une bonne chose pour la maison Delcourt qui publie des oeuvres variées, de qualité, et prend des risques en mettant à l’honneur de jeunes talents. Celle-ci entend d’ailleurs créer une école de BD à Paris à la rentrée 2014.
Mais revenons à nos » moutons » cernés sans relâche par les » loups » dont les plus méchants ne sont pas ceux qu’on croit. Car comme on l’a vu depuis le début de cette saga désormais mythique dont est issue la série TV assez librement inspirée, les plus hargneux ne sont pas les zombies décérébrés, qui finalement font plus partie du paysage et ne font jamais vraiment peur. Les vrais ennemis sont bel et bien les humains non contaminés, encore plus terrifiants par leur perversité, leur cruauté et leur duplicité. Et peu importe le camp auquel ils appartiennent. Kirkman, en mettant en scène des gens comme vous et moi dans un environnement extrême, sait parfaitement faire ressortir la part d’ombre plus ou moins forte de chaque protagoniste, n’épargnant même pas celui qui est censé endosser le rôle du » héros » Rick.
Bien sûr, il y a aussi des moments où la solidarité et l’amitié s’expriment entre les humains les mieux disposés, mais ces moments sont toujours en équilibre précaire du fait de la tension permanente. Un retournement de veste est toujours possible et peut suffire à faire voler en éclat l’entente apparente entre les membres du groupe.
Dans cette exploration des profondeurs de l’âme humaine, on pourrait croire qu’on aurait affaire à une oeuvre introspective dénuée d’effets tapageurs afin d’épargner le lecteur » urbain sensible » et amateur de bon goût. Que nenni ! Les auteurs n’hésitent pas à nous malmener, nous collent des baffes à nous décrocher la mâchoire, nous plongent le nez dans notre caca d’illusions, nous rappelant par là même notre condition de primate se croyant civilisé alors qu’en vérité nous avons à peine évolué depuis l’ère paléolithique, sauf à envoyer des fusées sur la lune et à inventer le smartphone.
Clairement, Walking Dead n’est pas une BD de zombies, mais bien plutôt » avec » des zombies, ce qui n’est pas exactement la même chose »En résumé, Walking Dead est une BD puissante, qui prend »aux tripes. C.’est facile, je sais, mais c’est vraiment la meilleure définition »
Laurent Proudhon
Walking Dead Tome 19 : Ézéchiel
Scénario : Robert Kirkman
Dessin : Charlie Adlard
Editeur : Delcourt
144 pages – 13,95 €¬
Parution : 29 janvier 2014