Aimer Fauve ≠, ne fait de moi une mauvaise personne. Oh je sais ça y est tu me classes dans les enculés parigauds cachetonnés aux pillules bleues de la hype. Je pourrais te donner un million de bonnes raisons que tu justifierais encore de hurler avec la meute. Et pourtant. J ‘aime encore Fauve ≠.
Parfois quand j écoute des groupes rock anglo-saxons, une formation d’outsider attire particulièrement mon oreille pour ce que j ai l’impression qu’il synthétise les évolutions de la musique populaire jusqu’à la sortie du disque, parce qu’ il cristallise en musique, l esprit d’une génération. C’est exactement ce que j ai ressenti aux premières écoutes du EP Blizzard et qui se concrétise avec Vieux Frères partie 1. Ces cons là ont réussi à saisir en un disque l’histoire de la pop en France et la régurgiter en un album efficace. Moi ça me suffit.
Il y a des guitares dans Fauve, ≠. De ce genre de grattes qui commencent bas et finissent haut, loin. On songe aux shoegazzers du début des 90’s et à tout le bataillon post rock qui a prospéré jusqu’en France et Navarre oú il n’a pourtant jamais eu de porte-drapeau capable de passer au delà de la seule estime des blogs spécialisés.
Il y a du rap dans Fauve, ≠. Du quasi slam note, mais c’est dur à assumer depuis que Grand Corps Malade a viré variété. Alors je dis rap. Et ça tient. La présence de Giorgio sur Voyous en est une preuve irréfutable. Sa gestion de la première partie du groupe en concert aussi. Il y a du rap dans Fauve, ≠. Du genre qui conte le mal être sociétal, l’inadaptation culturelle, le spleen. Ici de petits blancs middle class pleins des crises existentielles de la post adolescence en grande cité urbaine. Fauve, ≠, du coup raconte la vie de Parisiens, de Bruxellois, de Lyonnais. Tu m’étonnes que j’entende de ci de là qu’on raille leur côté hype de ville. Fauve, ≠, c ‘est l expression d une jeunesse urbaine qui part de ce matériau pour tenter d’atteindre l’universalité. Et je me demande si je suis capable de juger de cette réussite. Juge et partie.
Il y a enfin et surtout des textes dans Fauve, ≠. Des mots justes, des phrases et des phases bien écrites sur le plan de la rythmique, du vocabulaire, de la percussion. J’aime certains enchaînements pour ce qu’ils m’évoquent, d’envie, de colère ou de vécu. J’aime me retrouver dans les personnages qui vivent des atermoiements d’homme du 21e siècle. Un peu gauche, toujours en décalage perpétuellement pétri de contradictions et de grandes théories sur des choses massivement sans importances.
En fait ça ne m’étonne pas que par paresse, facilité, suivisme, on ait tous ou presque fait un parallèle avec des formations telles Diabologum, de la fin des 90’s. Pas tellement sur la structure musicale en fait, ou si peu (quelques samples? Une grosse guitare façon fender…); mais surtout parce que comme la formation de Cloup et Michniak en leur temps, Fauve raconte de manière actuelle le vécu de la post adolescence urbaine, avec une forme musicale qui doit beaucoup à l’histoire de la pop en France. Alors on peut continuer de détester Fauve, ≠, pour le cliché »petit parisien trop triste t’as vu » mais on ne peut pas nier qu’ils représentent une étape dans le temps et l’espace de la musique en France. Un jalon. Mais on peut aussi, comme votre serviteur, simplement jouir du plaisir branleur de se reconnaître dans une musique de petit bourgeois aux prises avec un quotidien tellement inutile, tellement complexe et vain à la fois. J’assume. J’aime dire que j’ai mal. J’aime Fauve.
Denis Verloes
Tracklist
Label: Fauvecorp / Mis
Date de sortie: 3 février 2014
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La vidé de »Nuits Fauves » sur le premier EP du groupe