A l’est du nouveau, avec un groupe polonais qui, tranche le rock dans le vif, d’une, grande, coupe transversale. Un groupe post-moderne, à découvrir d’urgence.
C’est vrai que l’on n’a pas tous les jours l’occasion de tomber sur un quatuor venant, de Varsovie. Le dépaysement et la surprise passée, on oublie l’origine de Piotr, Igor, Tomek et Kuba pour s’intéresser à leur musique. Qui, en l’occurence,, n’a, besoin d’aucune estampille pour marquer les esprits. Car Don’t Go est un album remarquable. Quant à sa qualité mais aussi, et dans le premier sens du terme, par sa vision transversale de la musique rock.
A plus d’un titre, cet album pourrait être un résumé de ce que tout le rock à guitares peut offrir mais transfiguré dans une vision moderne et radicale que d’aucun qualifieront – sans doute hâtivement de »post ». Post-prog ? Post grunge ? Post-punk ? Post-Kraut ?, Don’t Go est un peu tout cela, dans un disque parfois expérimental (Ho se dissout dans l’abstraction), parfois nettement plus abordable quand les mélodies se cristallisent dans un format de rocksong conventionnel (une partie de, Primax ressemble même à une attaque de Pearl Jam), mais au chant mesuré.
Cette présence – et non présence vocale sur une grand partie de l’album – est d’ailleurs significative de toute la palette proposée par Hokei. Un petit air de Yes avec un chant douceâtre et vocodé parfois (d’autant plus que des synthés viennent donner un supplément de, fluidité à la, force des guitares). , Mais aussi des moments où Igor, également batteur, se lache à des aspirations nettement plus sauvages et chaotiques (Zodiak aussi âpre qu’une montée de sève à la Jesus Lizard). Dans tous les cas, l’humeur est changeante, parfois d’une étonnante sensibilité (Wuef, un des must du disque), et les structures et musiques, , en perpétuelle évolution : en cela, Hokei se situe bien à la croisée des chemins de la musique progressive et du post-rock, au sens large (de Mogwai à Godspeed You ! Black Emperor) et impressionne par la maitrise de son sujet. Hokei prend le rock à bras le corp et arrive à le tordre pour en faire sa chose. Comment dit-on »sur le cul » en polonais, déjà ?
Denis Zorgniotti
Label : Monotype record