Mesdames et Monsieur, avancez et venez découvrir le Paradot nouveau : il chante en français, il écrit de vraies belles chansons et exprime sa sensibilité, ! Entrez donc dans la Parade. Plaisirs garantis !
Laurent Paradot,, on l’avait d’abord connu comme membre des néo-grunges d’Headases. Puis comme brailleur/bassiste du duo Gâtechien, dans une formule simple et radicale qui envoyait le bois : un chant, évoquant plus un cri primal que tout autre chose, aucun texte si ce n’est un yaourt indescriptible et musicalement un »en avant toute » dans un punk sauvage et explosif. A partir de là , Paradot était catalogué : brillant bassiste assurément (pouvant faire l’économie d’un guitare) mais chanteur/songwriter poussant l’art du je-m’en-foutisme très loin.
La surprise est donc de taille : le voici revenir en Parad, son alter égo décomplexé. quelques lettres de moins qui ne signifient pas une castration artistique mais plutôt le signe d’une émancipation. Laurent Paradot ne se refuse pas d’écrire en français et d’y exprimer son »moi » secret, ni de véritablement chanté, d’abord timidement en spoken word à la manière d’un Michel Cloup ou d’Encre, puis véritablement (Ce goût immodéré à la coolitude fragile). Tout en s’entourant des fidèles Pierre-Louis François (Headcases et Luis Francesco Arena) et Pierre-François Fol (le Prince Miiaou, Microfilm), il ne s’interdit pas non plus d’utiliser toutes les possibilités offertes par l’électronique et le sampling : dans cette nouvelle richesse mélodique, Benjamin Biolay n’a qu’à bien se tenir (texte et musique, Jurer de rien est tout simplement superbe). Mais que l’amateur de rock se rassure :, le Français n’en a pas oublié, pour autant, son passé de punkeur. Il n’abandonne jamais les guitares et se lâche même dans un énervé Envers et contre tout (sous influence Expérience), qui se calme et »mélodise » ensuite. Car Laurent Paradot fait plus confiance à cette partie-là de son talent de musicien, celle qui désire construire – plus que détruire – les choses. Il a beau paraître totalement désabusé (Encéphalogramme plat), cette ouverture vers plus d’harmonies et vers une musique qui respire, peut être en soi perçu comme un symptôme d’un nouveau positivisme. Mais comme le dit le titre de l’album, le bonheur est ici inquiet et avec ses fêlures palpables, Laurent Paradot semble victime comme d’autres de ses »états d’âme à la c. » qui lui font faire le yo yo, entre des doutes abyssaux et un égo surdimensionné (qui m’aime me suive). Une vraie vie d’artiste en somme. Et l’avènement d’un vrai chanteur français très talentueux.
Denis Zorgniotti
Label : Another records
Date de sortie : 21 avril 2014