Protégée de Da Silva, Charlie devient une chanteuse pop francophone très fréquentable. Les ballades douces-amères de Fleurs Sauvages sonnent justes.
Autant le dire, le premier album de la jeune femme ne m’avait pas vraiment convaincu. Certes, Charlie s’élevait au-dessus de Zaz ou de la Grande Sophie mais elle trainait avec elle quelques casseroles et autres tics musicaux d’une chanson plus franchouillarde que française. Pas toujours très fin tout ça. Avec ce deuxième album produit par Da Silva, les scories ont été évacués. Les Fleurs Sauvages est un album résolument plus pop mais, nourri en filigrane de folk, de rock et de blues. Tout ceci est subtilement agencé et adopte des teintes pastels.
On pourrait s’ennuyer d’un album résolument sage, si l’on ne sentait pas une osmose entre les musiciens faisant corps autour de la douce voix de Charlie. Un vrai groupe entoure la jeune femme : Scaba Palotaî aux guitares, Baptiste Brondy à la batterie, Jeff Halam à la basse et Frédéric Fortuny aux claviers. La présence de ce dernier peut nous indiquer une filiation possible : Fortuny a officié au sein d’Autour de Lucie et l’on peut comparer aisément les deux artistes, notamment par la finesse de leurs arrangements. Un camaîeu d’instruments d’où émergent des harmonies délicates. Le disque n’est ainsi ni fade ni tiède mais mesuré, fin et précis, sachant aussi adopter quelques attaques de guitares plus frustes (une petite touche Laetitia Sheriff). Cet écrin, simple et précieux, sied totalement à la voix d’elfe de Charlie et Les Fleurs sauvages comportent quelques perles, en premier lieu le premier single du disque, le naufrage mais aussi Les vents, faisant souffler sur la mélodie une brise venue tout droit de l’Ouest américain. Un joli album.
Denis Zorgniotti
Label / Distributeur : At(H)ome / Wagram
Date de sortie : 12 mai 2014