Peter Piek – Cut Out The Dying Stuff

peter-piek-cutLoin de toute hype, Peter Piek sort un album de pop qui pourrait rendre fou de jalousie la plupart de ses confrères.

Quand on nait Peter Piechaczyk à  Karl-Marx Stadt en Allemagne de l’Est, on a sans doute très peu de chance de percer dans le sélectif de la musique. Mais les choses ont changé : le mur est tombé et l’axe Etats-Unis / Grande Bretagne, qui régissait aux affaires de la pop et du rock, s’est déplacé un peu plus au nord et un peu plus à  l’est. Voilà  donc notre songwriter allemand (vivant désormais à  Leipzig) rebaptisé Peter Piek, prêt à  propager sa musique dans un monde plus ouvert.

Et l’Allemand a les capacités et le talent de le faire. Peter Piek a la chance de n’appartenir à  aucune chapelle, aucune case, aucune étiquette. Ses arrangements, pourtant fouillés, ne sont marqués par le sceau d’aucune époque : on l’imagine dans les années 70 quand il se tient derrière son piano (left room) ou plus déjà  plus proche de nous (Alive et ses sonorités de guitare R.E.M, Cut out the dying stuff et ses claviers proches de Merz), avant de finalement décréter que la musique de Peter Piek est largement hors d’age et le mieux pour s’en convaincre, est d’écouter Analyse, pur moment d’americana que le chanteur se plaît à  chanter en allemand.

Dans ses douze titres, des éléments probants participent à  donner un style Peter Piek : en premier lieu l’interprétation fragile du chanteur lui-même, une voix à  la fois androgyne et éraillée rappelant celle de Sigur Ros. Et puis, portée par une rythmique béton mais jamais lourdingue (bien au contraire), la musique est construite autour de mélodies solides mais jamais bateaux. L’homme a l’étoffe d’un Sufjan Stevens et des ressources musicales que l’on découvre petit à  petit. Cut out the Dyning Stuff, Green (chanté avec Nanna Schannong), Painting a line, If this the end ou Live forever ont de quoi devenir des petits classiques d’une pop toujours fringante, même dans ses moments plus mélancoliques. On a le droit de chanter, on le droit de marquer joyeusement le rythme, on a le droit de s’émouvoir, on a même le droit de trouver cette musique naturellement belle.

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Denis Zorgniotti

Label : Solaris Empire / Tron Records
Date de sortie : 2 mai 2014