La Nueve était une compagnie composée en grande partie d’espagnols républicains qui avaient combattu Franco durant la guerre d’Espagne et qui, engagée dans la seconde guerre mondiale, prendra part à la libération de l’Afrique du Nord, sous la direction du général Leclerc, puis débarquera en Normandie pour libérer Paris »Miguel, aujourd’hui un vieil homme qui coule des jours tranquilles dans un petit village était de cette équipée.
Durant plusieurs jours, il va se confier à un jeune journaliste venu tout spécialement pour le rencontre et évoquer ainsi avec lui ce passé et notamment ces années passées dans les camps de prisonniers.
D.’abord réticent à se remémorer ses souvenirs assez douloureux, Miguel se montre finalement ouvert aux questions de son visiteur et se replonge sans difficulté dans ces années de douleur durant lesquelles il a combattu contre le fascisme et les dictatures.
A la manière des belles interviews en bande dessinée d’Etienne Davodeau, Paco Roca nous offre un récit intimiste et très touchant en forme de dialogue, dans lequel les moments consacrés aux récits historiques sont très subtilement entrecoupés de moments d’intimité montrant bien la complicité qui va se créer petit à petit entre le vieil homme, au départ pas très causant, et son interlocuteur dont la passion pour cette période de l’histoire finira par l’emporter.
Après avoir abordé le thème de la maladie d’Alzheimer avec humour et poésie dans »La tête en l’air » Paco Roca épate une nouvelle fois avec »La Nueve » un copieux roman graphique, véritable récit d’une aventure humaine hors du commun qui mêle avec habileté petite et grand histoire grâce à une narration jamais didactique ni ennuyeuse qui a le mérite de nous apprendre des tas de choses avec, en filigrane, une sensibilité et une émotion toujours très présente. Du beau boulot !
Benoit RICHARD
La Nueve
Scénario et dessin : Paco Roca
Editeur : Delcourt/Coll. Mirages
336 pages – 29,95
Parution : 9 avril 2014