On n’a pas vraiment cherché à trouver l’origine du curieux nom de ce groupe mais s’il devait être comparé à un vin, Donovan Blanc serait plutôt un bon petit rosé. Du genre de celui, léger et gouleyant, qui se sirote tranquille à l’ombre, agrémenté de quelques glaçons, le tout avec un plaisir non dissimulé.
Nouveau duo indie qui bénéficie d’un intérêt suivi depuis ses premiers jours, la formation drivée par la paire Joseph Black et Raymond Schwab fait mieux que satisfaire l’éternel besoin de buzz d’une certaine presse musicale. Officiant auparavant dans Honeydrum, pur groupe underground sous influence New Order/Suicide, avec cette nouvelle incarnation nommée Donovan Blanc signée sur le label Captured Tracks,, les deux américains délivrent ici une jolie pièce de pop alanguie bercée d’arpèges de guitares cristallines.
Si les deux comparses revendiquent volontiers la figure de leur (anti) héros Ariel Pink ou sortent des références 60.’s comme les méconnus The Assocation, on serait prompts à trouver les douze harmonieux titres qui composent leur effort, séduisants surtout pour leur aspect curieusement intemporel.
Comme flottant dans un no man’s land temporel et stylistique, leurs vignettes ouatées, séduisent par leur caractère ondoyant, rutilantes comme de petits kaléidoscopes dont les facettes brilleraient différemment selon le soleil (Girlfriend, When You Believed Me, Veronica). Leur single Minha Menina a beau ne pas être une cover du classique des brésiliens tropicalistes d’Os Mutantes, une atmosphère presque sud-américaine, faite de chaleur diffuse, de calme somnambulique et de flou atmosphérique y préside pourtant.
Subtil enchevêtrement d’harmonies vocales astucieusement réverbérées, de guitares limpides et de nappes de mellotron ou de clavecin (le côté Donovan, ?), Donovan Blanc le projet est l’occasion d’entendre parmi les plus jolis arpèges du genre » ligne claire, « . Lesquels évoquent autant le souvenir des guitares des Byrds ou des Smiths que celles de La.’s bucoliques en mid-tempo ou ressuscitent la figure des très underground mais finalement assez influents Jacobites, dont les groupes hype de Brooklyn (MGMT ou Violens) ont récemment déjà salué l’influence.
Une assez fine tapisserie d’érudition musicale dont on ne tentera pas in fine de dresser l’inventaire, – pardonnez la vieille marotte du chroniqueur – mais de juste s’abandonner au réel plaisir mélodique diffusé par ce disque ensoleillé au vrai cool olympien.
Débarquant en cette période de beaux jours idéale pour profiter au mieux de sa séduction ensoleillée et immobile, gageons que son charme risque bien de survivre à la belle saison. On s’en reparle à la rentrée, ?
Franck Rousselot
Donovan Blanc. Donovan Blanc
(Captured Tracks / Differ.’ Ant)
Paru lundi 23 juin 2014
Donovan Blanc sur, Captured Tracks
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