Antoine Prost est un historien renommé, spécialiste de la société française du 20ème siècle. En marge d’ouvrages savants il ne rechigne pas à mettre l’Histoire à la portée du plus grand nombre, comme il l’a fait par exemple avec †œLa Grande Guerre racontée à mon petit-fils†en 2005.
Durant l’été 2013 il a tenu chronique dans la Matinale de France Inter. Chaque jour un aspect de la vie de nos aîeux était évoqué. Ces chroniques sont désormais éditées.
Elles mettent à l’abri des idéalisations nostalgiques. Était-ce mieux avant, quand l’espérance de vie était de 50 ans, que les antibiotiques n’existaient pas et que l’on mourait de la tuberculose ? Quand †œgagner son pain† voulait dire que 70% du salaire des ouvriers passait dans la nourriture ? Du pain, d’ailleurs, on en mangeait en grande quantité, pour supporter les journées à rallonge, les travaux épuisants et les kilomètres à pied (à peu près 28 km pour la tournée d’un facteur). On assista dans ces années-là à l’essor de la bicyclette.
Si l’école était obligatoire jusqu’à 13 ans, la loi n’était pas toujours respectée et les vacances scolaires s’adaptaient aux travaux des champs : du 14 juillet au 1er octobre.
Pour endurer ce quotidien sans douceur pour la plupart des Français, il y avait les cafés (482 000 contre 25 000 aujourd’hui !). Les hommes s’y réfugiaient après le travail, échappant ainsi à leurs appartements exigus et souvent surpeuplés, mais pas ensuite à l’accueil mitigé d’une épouse acariâtre. Là , j’extrapole : elles ne l’étaient sans doute pas toutes, même si, à elles non plus, la vie ne faisait pas de cadeau.
Et pourtant, en 1913, le pire était à venir. Mais ça, c’est une autre histoire…
Brigitte Tissot
Antoine Prost – Si nous vivions en 1913
Editions Grasset-France Inter
140 pages – 11 euros
Parution : mars 2014