Un garçon disparaît (sans doute un clin d’oeil à « Une femme disparait » d’Alfred Hitchcock) nous ramène au début des années 60, en Charente-Maritime, du côté de Royan, à Yonge plus exactement, dans un cours privé, l†˜institution Leprince, où, un beau jour, débarque de Paris le jeune Oscar. Adrien, un garçon du même âge tombe littéralement sous le charme de ce nouveau venu dont les tours de magie et le charisme éblouissent garçons et filles.
Mais quelques semaines après l’arrivée d’Oscar, deux événements viennent bousculer l’apparente quiétude qui règne au sein de l’institution. Il y a d’abord cette mystérieuse apparition de la Vierge lors d’un spectacle de fin d’année, et ensuite la disparation soudaine et étrange du jeune Oscar.
Cinquante ans plus tard, Julian Dransfield, un journaliste anglais qui vit dans une petite station balnéaire à quelques kilomètres de Royan, fait la connaissance par hasard d’Adrien, installé depuis quelques années comme bouquiniste, et lui confie qu’il mène une enquête au sujet de Mlle Le Prince et de Thérèse Gourmel, sa grande amie avec laquelle elle partage sa vie et qui fut son élève par le passé.
Ce qui frappe d’abord à la lecture de ce roman, c’est le style employé par François Rivière, d’un classicisme absolu, un style presque désuet qui rappelle une littérature d’un autre temps, à la fois romanesque, sentimentale, voire régionaliste par certains aspects. Passé l’effet de surprise, on découvre un roman plein de mystère où il est surtout question d’une enfance, celle d’un petit garçon dans les années 60, cloitré dans une institution feutrée, loin du tumulte de la ville. Parallèlement, on suit l’enquête de Dransfield et d’Adrien, essayant de reconstituer le puzzle du passé, en s’appuyant sur les témoignages des uns et des autres et notamment sur celui de ces deux femmes désormais âgées, marquées par le temps et par cette apparition de la Vierge qui semble avoir bouleversé pas mal de choses.
Sans être réellement palpitant, ce roman d’inspiration autobiographique vaut surtout pour sa petite musique, pour son élégance, pour cette ambiance pesante, ce côté »carte postale de la province des années 60″ qu’il renvoie, à la manière de certains romans de Simenon, avec en fond, cette relation avortée entre le bel Oscar et un Adrien qui tout au long de sa vie n’aura cessé de se demander ce qu’a bien pu devenir son amour d’enfance.
Benoit RICHARD
Un garçon disparaît
Roman français de François Rivière
Editeur : Rivages
247 pages – 20€¬
Parution : mars 2014