Pixies – Indie Cindy

Pixies-indie-cindyIl y a une habitude irritante qu’ont en commun les  » vieux critiques  » tu sais les pre- » millenials  » et les connards de hipsters indé. Le phénomène du  » C.’était mieux avant »Ca vaut pas leur sommet de l’année trucmuche « .

Cette habitude, que parfois je me surprends à  arborer, mais que je conchie comme la dénonciation par un corbeau des factures de Center Parks de Xavier Bertrand est un  » trope  » de la critique musicale. Elle signale subtilement au lecteur que le critique à  l’oeuvre a lui une culture musicale insoupçonnée que toi petit canari tu n’as pas, elle démontre que le hipster barbu (oui c’est un fait ils sont tous barbus) s’est penché sur la question et toi pas vermiceau.

Et quand il s’agit du premier vrai album des Pixies depuis le Trompe le Monde de 1991, tout le monde y va de ce double couplet à  coup de  » tu parles, ce n’est pas un vrai album, Doolittle et Surfer Rosa, ça c’étaient des albums, celui-ci sent le coup de fric à  plein nez  » ou du  » oui mais bon tu voiiiiis (oui il faut faire trainer un peu les syllabes) dans ce nouvel albums les Pixies se singent comme jamais tu compreeeeends, c’est un peu comme si les Pixies de maintenant, d’ailleurs pas tout à  fait en bons termes, jouaient à  faire le rock des, Pixies d’antant tu pigeeees ? « 

FUCK ME, FUCK THEM, FUCK US.

Je jure solennellement de rester objectif et concentré uniquement sur Indie Cindy pour la suite de cette critique.
Indie Cindy réactive ou ravive un genre complètement daté : le punk à  tendance grunge, que le décès de Kurt Cobain a figé une fois pour toutes dans le marbre de l’histoire du rock et dont les enfants ont viré  » Métal « . De plus quand j’écoute un album récent de Métallica, Smashing Pumpkins, de Foo Fighters, des Cure encore en activité, ou de U2,  et des Rolling Stones tiens, j’entends des formations (dont certaines que j’adore) cultiver ma nostalgie. 20 ans plus tard, pour la plupart des groupes qui n’ont pas vraiment arrêté, on retrouve les germes de ce qui faisait nos kifs adolescents, souvent passés à  la moulinette d’une production que leur qualité de supergroupe leur confère désormais. Une nostalgie couplée à  une absence TOTALE de nouvelle idée artistique, nous donnant à  écouter des mélodies souvent poussives, fainéantes, mais une atmosphère qu’on continue d’aimer parce qui renierait ses amours adolescentes ?

Indie Cindy , comme Get ready de New Order en 2001 (réfléchis, il n’y a pas tant d’exemples dans nos discothèques) réussit un pari multiple : Celui de raviver la flamme des fans avec un essai qui ne démérite pas du tout dans les souvenirs qu’on gardait des Pixies en groupe, celui d’arriver avec des compositions qui tiennent la route d’elles mêmes indépendamment du fait qu’on connaisse déjà  le groupe ou non, et enfin – non des moindres – le pari de remettre en haut des charts d’estime un style musical qui a été balayé par le métal d’abord, par le retour du garage ensuite, dans une époque où on sent poindre un début de possibilité de retour de mode (30 ans : timing parfait).

A ce titre, Indie Cindy est un pur album : il ne fait pas rougir dans la discographie du groupe, Il peut servir de fil rouge à  la découverte du groupe pour une nouvelle génération, c’est le seul exemple crédible de ce à  quoi pourrait ressembler le son du grunge s’il naissait aujourd’hui. Moi déjà  rien que tout ça ça me plait. Et je suis sûr que le groupe y a pensé.

Quel est votre public aujourd’hui ? Les jeunes et leurs parents ?En 2004, quand on a recommencé à  jouer ensemble, j’ai réalisé pour la première fois que nous avions un jeune public. Et aujourd’hui, en 2014, dix ans plus tard, on a des fans encore plus jeunes. Les gens emmènent leurs enfants aux concerts. Il y a des gamins de 17 ans mais notre public des années 80 est toujours là , avec des gens de 60 ou 70 ans. Il aime entendre nos vieilles chansons. (dans Ouest France)

Mais ce n’est pas tout, Indie cindy, sans être le chef d’oeuvre de Surfer Rosa (mais quel groupe tape plus d’un seul véritable chef d’oeuvre dans sa discographie ? Les albums qui ont suivi juste derrière n’en étaient pas non plus) réussit à  faire rentrer en  » haute rotation » dans mon lecteur MP3, de vrais  » singles  » dans la plus pure tradition du single qu’on userait jusqu’à  la corde si le vinyle n’était pas qu’un truc de branché .

What goes boom, Indie Cindy, Blue eyed Hexe et Bagboy sont de la trempe de ce que peuvent nous sortir des Pixies inspirés. Avec des mélodies qui restent en tête, une basse roulante, les choeurs de Kim Deal, et une énergie démesurée comme seul savait en éructer le grunge de manière primale. Certains titres sont plus légers certes, mais c’est pas pour dire, vous avez réécouté , Trompe le monde récemment ? Et même là , la guitare de Franck Black m’enthousiasme. Plus de vingt ans après, ce type continue de me prouver que le solo à  un doigt, quand il est bien placé, peut faire s’envoler des guitares distordues qui sinon resteraient dans un magma.

N.’en déplaise aux culs serrés branchés ou aux nostalgiques des pogos du début des années 90 ( » ces chansons dispensables  » viens-je de lire dans un journal belge relatant le festival de Werchter et annonçant presque par antinomie que la bande à  Black , a mis le feu à  la, scène ), Indie cindy est une réussite. Il n’est pas Surfer Rosa, mais franchement, si je ne veux pas avoir l’air ringard à  l’anniversaire d’un ado, en amenant comme cadeau un disque de vieux, je peux m’en sortir sans problème avec le nouveau disque des Pixies. Lui y trouvera un genre nouveau : » le grunge  » produit de manière nette avec des guitares sales mais propres (comprenne qui pourra) à  la façon d’aujourd’hui et moi je pourrai avoir l’impression que finalement les presque 25 ans qui me séparent de ma chemise de bûcheron et de mon jean troué, n’ont pas tellement de prise sur moi, ne seraient les tempes qui commencent à  grisonner et les pattes d’oie au coin de l’oeil. Et je suis déjà  gros comme Franck Black

Denis Verloes

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Tracklist

Label: Pias

Date de sortie: Avril 2014

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