Longtemps, enfin pas trop hein, quelques jours avant le début de la route du rock, pas plus, j’ai invoqué les dieux Bretons »Chouchen » et »Choux-fleurs » quant à l’annihilation pure et simple de la pluie pendant les trois jours du festival sur Saint Malo. Bien évidemment, mes prières ainsi que mes sacrifices de choux-fleurs se sont révélés vains et la pluie s’est invitée par torrents, dans le but un peu pervers de transformer l’enceinte du fort en arène de combats de catch dans la boue. Mais votre chroniqueur ne s’est pas laissé abuser par ce stratagème fallacieux digne de l’ankou, s’est armé d’un courage exemplaire (ainsi que d’une paire de bottes et d’un ciret) et a affronté l’ennemi pour vous relater cette soirée, comme le temps, plutôt mitigée, où l’excellent a côtoyé l’anecdotique entre deux averses. Évacuons le négatif d’emblée ( The Fat White Family, ersatz de Gun Club plutôt indigeste et, The War On Drugs,tout juste plaisant, un peu trop propre et, lisse, trop carré pour emporter l’adhésion, plus taillé pour les stades que les festivals soit dit en passant et dont on retiendra surtout que le concert s’est déroulé pendant l’atelier vidange d’une piscine improvisée empêchant les spectateurs VIP d’approcher le bar).
Mais passons aux bonnes surprises : le concert d’Angel Olsen. Pour résumer :, voix divine (comme si Hope Sandoval se prenait pour Roy Orbison), compos carrées et accrocheuses, et surtout personnalité charismatique et adorable. Malgré les problèmes techniques, la demoiselle ne se démonte pas et fait preuve d’un humour ravageur. Concert idéal pour débuter le festival.
Autre bonne surprise mais un peu hors sujet : Real Estate. Pas vraiment un groupe taillé pour un festival, mais plutôt pour une petite salle. malgré tout on a droit à une pop superbe sur laquelle plane le fantôme des Sneetches et celui des Pet Shop Boys (la voix de Martin Courtney rappelle étrangement celle de Neil Tennant).
Passons à une autre catégorie : les »peut mieux faire ». D’un côté, la bonne surprise sur la longueur mais semi-déception au final : Caribou. Disons, pour résumer, que le canadien commence son set très fort (autant musical que visuel) et élève tellement son niveau pendant quatre morceaux, que la suite, à l’exception du morceau final, paraît presque fade.
De l’autre, à l’inverse,, semi-déception mais beau concert au final : Kurt Vile. Semi-déception car le concert commence de façon un peu trop sage, le temps au groupe de prendre ses marques et à Vile de se détendre un peu. Attitude très slacker, chant approximatif, musique bordélique mais montée en puissance à chaque morceau jusqu’à un final où Vile laisse les Stooges reprendre Sonic Youth ou l’inverse, on finit par ne plus savoir. Puissant. Sinon en aparté, ce qui a marqué votre chroniqueur au fer rouge c’est qu’être roadie de Kurt Vile demande une patience et une abnégation hors du commun. Le gars est incapable de jouer avec la même guitare deux fois de suite, alternant une acoustique et l’autre électrique, obligeant par la même occasion le pauvre roadie à lui filer illico presto ses guitares entre chaque morceau. Un truc à finir sous prozac.
Passons maintenant au morceau de choix,, le choc, la surprise du chef : Thee Oh Sees. Concert grandiose, démarré sur les chapeaux de roue, sans temps mort et terminé comme il a commencé :, par une immense baffe. Le trio américain survitaminé s’amuse à brasser pour le fun (dont le chanteur paraît avoir lAC/DCa même fascination pour les shorts improbables) , le garage et le rock psychédélique. Ajoutez-y une bonne dose de folie furieuse, une certaine intransigeance et une consommation excessive d’amphétamines et de pois sauteurs et vous obtenez cocktail irrésistible, une machine à headbanger et sauter dans la boue,, un trip régressif et totalement jouissif.
Vous me direz : j’ai évoqué tout le monde sauf Darkside. Je l’avoue : à 2 heures et quelques, j’ai capitulé. Non pas parce que mon grand âge ne me permet plus de veiller au-delà de 20h mais simplement parce que la pluie s’en est de nouveau mêlée. Et que là , j’ai préféré plier les gaules et travailler d’arrache-pied pour vous pondre une chronique passionnante, haut de gamme et d’une grande spiritualité. Comme vous pouvez le constater, et en toute objectivité voire modestie, le but est parfaitement atteint.
Et sinon pour revenir à la musique proprement dite : dernière chose pour ce jour 1 et conclusion quelque approximative : l’émergence d’une nouvelle théorie qui voudrait que plus il y a de personnes dans un groupe, moins il est efficace. Pour preuve ? le meilleur concert de ce soir fut celui d’un trio. Attendons demain pour infirmer ou confirmer cette théorie.
Christophe Ciccoli à la route du Rock
La Route Du Rock 2014 : Le programme
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