The Rentals – Lost in Alphaville

rentalspochetteIl y a parfois des ombres qui portent un peu plus que d’autres. C’est ainsi que the Rentals a toujours vécu dans l’ombre de Weezer, groupe d’origine, en tant que bassiste de son leader Matt Sharp. On peut pourtant dire que la plupart des compositions de the Rentals sont largement à  la hauteur des meilleurs titres du groupe emmené par Rivers Cuomo. Les mauvaises langues diront même que les Rentals font du Weezer avec un moog en plus. Mais l’enregistrement de l’album renié par CuomoPinkerton et le succès acquis par Matt Sharp en parallèle avec ses Rentals (The Return of the Rentals) ont contraint ce dernier à  quitter définitivement Weezer et à  se consacrer à  The Rentals.

Le groupe de Matt Sharp avait alors les mains libres pour décoller 5 ans après son premier album avec en 1999 la sortie de Seven More Minutes qui proposait une affiche alléchante avec les participations du déjà  indispensable Damon Albarn, des chanteuses d’Elastica et Lush ou de Tim Wheeler d’Ash. Mais si Matt Sharp est surement plus aventureux que son ex-comparse Rivers Cuomo musicalement parlant, il faut bien avouer qu’il n’a pas le talent d’écriture de ce dernier. Et malgré l’enthousiasmant Barcelona ou le très beau My Head is , in the sun, force est de constater qu’à  l’image de Weezer, la production des Rentals est très inégale. Au point de disparaître complètement de la circulation pendant une quinzaine d’années dans la foulée de ce demi-échec.

Groupe culte et, maudit, the Rentals revient ainsi aujourd’hui en catimini avec Lost in Alphaville. Avec toujours Matt Sharp, aux commandes accompagné d’un nouveau line-up pioché dans Lucius, Ozma, The Black Keys et the Section Quartet. Le tout produit par D.Sardy, croisé chez LCD Soundsystem notamment.Moins inégal que ses deux albums précédents, ce premier reste pourtant fidèle à  la veine power-pop du groupe à  l’excentricité assumée. Le disque démarre ainsi pied au plancher avec It’s time to come home, un peu convenu, rattrapé dans la foulée par Traces of our Tears. Mais il faut attendre 1000 Seasons et Damaris pour entrer dans le vif du sujet avec ces deux bombinettes qui définissent tout le charme des Rentals entre douceur et énergie. , Et on replonge avec plaisir dans les années 90 au temps béni où le college rock faisait la pluie et le beau temps sur les radios grâce aux excellent Song of Remebering et Seven Years. Lost in Alphaville rappelle ainsi à  nos oreilles que la plupart des groupes qui ne vieillissent jamais sont ceux qui assument leur côté adolescent en permanence, qui savent enchaîner les albums avec sincérité et distance, sans jamais se prendre au sérieux : Weezer évidemment, mais aussi Nada Surf ou Pavement. The Rentals fait partie de ceux-là , l’injustice en plus. Sans doute parce que le groupe de Matt Sharp n’a pas su fournir à  ses albums de tubes depuis son Friends of P. de 1995. Et ce n’est pas le dispensable single Thought of Sound qui réparera ça. Mais les Rentals sont trop cools pour ça.

Julien Damien

The Rentals. Lost in Alphaville.
Label : Polyvinyl Records
Paru le lundi 25 août.

The Rentals
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