Découvert sur le tard, »Unfidelity » de l’artiste anglais Nick Edwards aka Ekoplekz fait partie de ces albums à côté desquels il aurait été impensable de passer si l’on est un tant soi peu épris de musique(s). l’histoire de cet ancien blogueur chroniqueur de la scène dubstep de Bristol, devenu musicien sur le tard, est la partie immergée de l’iceberg de ce qui se fait certainement de mieux depuis quelques années en matière de musique électronique expérimentale et qui malheureusement reste encore inconnue d’une large partie du public.
Auteur de plusieurs albums et maxis sur une pléiade de labels aux esthétiques aussi différents que Mego, Mordant Music, Perc Trax, Punch Drunk, Further Records et aujourd’hui sur Planet Mu, Ekoplekz développe un langage protéiforme fascinant et singulier, chose de plus en plus rare aujourd’hui, où l’on croise le dance-floor au bras d’improvisations industrielles, sur lesquelles viendraient se greffer des mélodies cinématographiques aux circonvolutions abstraites, le tout posé sur des rythmiques qui empruntent souvent aux recherches laborantines dub de musiciens comme King Tubby ou Lee »Scratch » Perry.
« Unfidelity » c’est un peu tout ça et plus encore, pour qui sait tendre l’oreille et se laisser happer par son univers inclassable nourri d’histoire passée et de futur à écrire. Urgence du langage et production pointilliste qui ne laissent personne sur le côté, évitant les préceptes abscons de la pensée pour une musique qui se ressent et se vit jusqu’au plus profond des entrailles, pierre angulaire d’une année 2014 pourtant riche en émotions, où la douceur sait se faire déviante et incendiaire pour embraser nos coeurs et nos corps jusqu’à l’implosion des sens. Chef-d’oeuvre.
Roland Torres
Ekoplekz – Unfidelity
Label :Planet Mu
Sortie : mars 2014