S’agissant de la charbonneuse (seulement voilà en vrai elle est blonde et elle joue à changer…) Suédoise je n’avais pas retenu grand chose des deux albums précédents. Flagellation, Flagellation… Voilà c’est fait.
Comme tout le monde j’ai dansouillé sur le I Follow Rivers remisé par The Magician, belge. Mais c’est à peu près tout ce que ma mémoire sélective avait retenu.
Je ne m’étendrai pas sur la jeunesse de la demoiselle faite d’installations parentales en divers pays, dont le Portugal, tant rien dans sa musique sur I Never learn ne m’évoque l’imagerie hippie qu’ en critique blasé j’aurais pu m’attendre à trouver.
Plus intéressant me semble être un ressenti mélancolique du personnage qui n’hésite pas en interview à évoquer la solitude du coureur de fond mettant toute son énergie dans la réussite musicale puis dans les tournées au détriment de la vie affective. Une trace de souffrance qui plane sur I never learn, comme une sorte de spleen accentué par le côté atmosphérique de l’ album.
Musicalement Lykke Li déploie des mélodies pop évidentes dans un territoire un rien désolé ce qui laisse l’auditeur vaquer dans ses rêveries quelque part entre Lia Ices, Stina Nordenstam et même le Frozen de Madonna pour son côté immédiat, mais noir.
Je suis surpris par le choix de production consistant à mettre bien en avant la réverbération. Ainsi toutes les 9 chansons qui composent l’album ont l’air jouées au milieu d’une église où la voix percute les alcôves. Un peu lassant sur la longueur, le procédé donne néanmoins à I never learn cette intensité à crier ses manques affectifs et ses fêlures.
Ample, riche de guitares et d’instruments analogiques I never learn est peu »solaire » et convoque le souvenir des opéras gothiques de la fin des années 80, quelque part entre Kim Wilde et Kate Bush, le timbre juvénile en plus qui donne une part de mystère en plus (est-ce étrange qu’elle ait été approchée par David Lynch ? Non point).
Tous les morceaux cultivent aussi cette propriété (filmique ?) étrange de sembler taillés pour la synchronisation sur des longs métrages de réalisateurs de guingois mais aussi pour n’importe quelle marque de consommation vantant les mérites d’un voyage au coeur des paysages, de nouvelle Zélande ou d’un service technologique pour adolescent en crise identitaire (Gunshot à d’ailleurs récemment illustré le spot nocturne d’une marque française d’automobile)
Au final un bien bel album mélancolique, mais pas plombant, riche de ses grands espaces et de son immédiateté mélodique. Mais auquel il me semble un peu manquer, un comble de ce feu qu’on voit pourtant au loin pointer sous la glace.
Denis Verloes
Tracklist
Label: WEA
Sortie le: 5 mai 2014
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