La chanteuse canadienne de 26 ans Al Spx, qui utilise aussi le pseudonyme de Cold Specks pour sa production musicale, connaît définitivement une croissance rapide. A peine signée chez Mute après une poignée de singles remarqués en 2011, elle sortait son premier disque, I Predict a Graceful Explosion en 2012. Un album rempli de promesses d’une beauté à la fois sombre et enjoleuse.
Après deux ans de tournée, Cold Specks revient déjà dans les bacs avec Neuroplasticity qui lui permet de s’émanciper des comparaisons, certes flatteuses, avec Jennifer Charles (Elysian Fields) ou Martina Topley Bird voire une version soul de PJ Harvey. Plus dense et abouti, lorgnant autant sur le trip-hop que le free-jazz, Neuroplasticity révèle en pleine lumière le talent d’Al Spx pour évoluer dans la noirceur. A Quiet Chill résume à merveille cette alchimie entre soul et cold-wave. Plus audacieuse musicalement, notamment dans le choix des arrangements, qui remisent Tricky au placard en quelques titres, Al Spx laisse aussi prendre plus d’ampleur à sa voix profonde, sans jamais jouer les divas.
Cold Specks se révèle ainsi plus comme une version black et féminine des expérimentations réussies d’How to Dress Well, en gardant toujours un petit rayon de soleil. Mêlant aussi bien folk et percussions hypnotiques (Exit Plan), Al Spx surprend à chaque morceau, capable d’enchaîner juste derrière avec un Let loose the dogs qui lorgne presque sur les terres d’Adele, sans avoir à rougir ni à vendre son âme au diable commercial.
Avec Neuroplasticity, Cold Specks réussit là un joli numéro d’équilibriste entre singles efficaces taillés pour les radios et expérimentations culottées portées par des textes sombres et torrides.
Julien Damien
Cold Specks – Neuroplasticity
Label : Mute/Naîve.
Date de sortie : 25 août 2014